20 ans après sa disparition, quelles traces a laissé le triple champion du monde Kata ? « Un génie et une source d’inspiration » pour le jeune international Franck Ngoan, 23 ans.

Ceux qui l’ont connu retiennent avant tout l’homme. Leurs souvenirs les plus marquants avec Michaël Milon ne sont pas sportifs. Ils sont humains. Leçon de vie…

Par Ludovic Mauchien et Florian Fournier / Photo : Denis Boulanger


Franck Ngoan : « Une légende, un génie, une source d’inspiration »

23 ans, membre de l’équipe de France Kata

« Michaël Milon, c’est la légende du Kata, et pas seulement du Kata français (Ndlr : Franck Ngoan avait 2 ans quand Michaël Milon a stoppé sa carrière). Il y a tellement de superlatifs à donner que je n’arrive pas à en sortir un plus que l’autre. C’est un génie de la discipline.

Et c’est aussi une source d’inspiration. Je pense que tous les pratiquants de Kata en France sont inspirés par Michaël Milon. Il fait partie de notre histoire et nous devons entretenir sa légende et tout ce qu’il a apporté au kata français.

Il a un palmarès hors du commun et cela motive en tant qu’athlète de haut niveau d’essayer de suivre ses traces. Michaël Milon est un véritable modèle et avoir un bout de sa carrière serait déjà incroyable ».

 

Michel Milon : « Ce qui m’est resté, c’est l’image de l’homme »

Son père

« Ce qui m’est resté de Michaël, c’est l’image de l’homme. L’humilité, la simplicité, le respect des autres… En somme, la considération des valeurs essentielles des arts martiaux : respect, humilité. Ses titres, cela ne voulait rien dire. Il ne s’est jamais glorifié d’aucun titre ».

 

Alain Auclert : « Le mec que l’on aimerait avoir comme petit frère »

Son entraîneur en équipe de France et au KC Châteauroux

« Sa gentillesse. Il était le mec que l’on aimerait avoir comme petit frère. Un mec bien, qui ne s’économisait pas. Je lui avais demandé de lever le pied plusieurs fois, de se réserver un temps pour lui. Mais il n’écoutait rien.

Je regrette qu’il ne soit plus là. Il aurait pu continuer longtemps à faire du Karaté. Il avait beaucoup de choses à apporter. Même maintenant, cela mettrait les pendules à l’heure. On le copie beaucoup, enfin, on essaie (il rit) car il n’y en a pas beaucoup qui y arrive, même au niveau international. »

 

Hassan Fekkak : « Gentillesse, bienveillance et respect »

7e Dan, champion du monde Kata JKA, son ami

« Michaël, c’était une grande gentillesse, beaucoup de bienveillance et du respect. Il était un petit frère pour moi. J’avais beaucoup d’amitié et d’affection pour lui. Quand je l’ai connu, il avait 13 ans et moi 18. C’est le souvenir qui m’a le plus marqué avec lui, notre première rencontre.

Lors d’un stage d’été, à Canet Plage, à l’issue du 1er entraînement, un petit jeune blondinet vient me voir, avec un large et rayonnant sourire, et me salue en marocain : « Salam khouya = Salut frérot ». Il m’a fait à la fois rire et chaud au cœur. Je venais de débarquer de mon Maroc natal et je manquais de chaleur.

Je lui ai demandé où il avait appris à parler l’arabe. Il m’a répondu qu’il était Marocain. Ce à quoi j’ai rétorqué que s’il était Marocain, moi j’étais Suédois. Nous avons rigolé et une amitié sincère est née.

Je pense que l’accueil chaleureux de cet enfant a participé, avec d’autres événements et d’autres personnes, à nourrir mon amour pour la France et les Français. »