Jacques Tapol, 8e Dan, champion du monde en 1986, n’est jamais avare d’idées. Depuis 10 ans, dans son club de l’Est parisien, le Kikentaï, il organise le Kagami Biraki, événement traditionnel marquant symboliquement le renouveau.

Cette année, ils étaient 23 à braver la grève et le froid pour vivre une nuit inoubliable. 4 entraînements entrecoupés de 2h de sommeil à même le tatami, un footing et une épreuve de casse pour finir à 9h du matin…

Par Ludovic Mauchien / Photo : LM


Jacques Tapol, le guerrier

De son titre de champion du monde en 1986, Jacques Tapol dit que « c’est anecdotique, qu’il aurait préféré être un Juste pendant la rafle du Vel d’Hiv’ ». Quand il combattait en équipe de France (années 70-80), il lisait Bobby Fischer, un génie des échecs, et Musashi, surtout son « Gorin No Sho », pour mieux appréhender le combat.

Il n’a pas changé. A 64 ans, Jacques Tapol n’est ni un adepte de l’escrime pratiquée dans la version sportive moderne, ni un fou de la tradition ancestrale japonaise. Mais il est resté martial dans son approche, tout en développant une pédagogie emplie d’humour. Bref, il est lui-même quand il enseigne…

Kagami Biraki, une tradition Samouraï

Le Kagami Biraki est un événement incontournable au Japon qui se célèbre 10 jours après le Nouvel An, soit le 11 janvier. Il marque le commencement des choses. La tradition remonte au 17e siècle. Cette cérémonie fut célébrée pour la 1ère fois par le 4e Shogun de la dynastie Tokugawa. Un jour, avant de partir en guerre, il rassembla ses Daimyo (gouverneurs féodaux) pour ouvrir un tonneau de saké. La bataille fut remportée, ce qui fit de cette cérémonie une coutume respectée tous les ans.

Littéralement, cela signifie « ouvrir le miroir ». Dans le shintoïsme, les esprits (kami) ne résident pas dans les sanctuaires mais descendent de la « Haute Plaine du Ciel » lors de cérémonies. Lorsqu’ils rejoignent le monde des hommes, ils ont besoin d’un réceptacle (rocher, arbre, animal, très souvent un objet) qui est en général caché à la vue du public. Seuls les prêtres y ont accès. Les fêtes Shinto sont l'occasion de sortir le réceptacle du sanctuaire. Il est en général un objet considéré comme ayant un fort sens symbolique, le plus souvent un miroir rond. Kagami Biraki, l’ouverture du miroir, désigne donc l'évènement qui consiste à ouvrir la porte de l'autel dans lequel est enfermé le miroir, et par extension le « corps » (Goshintai) du Kami. En quelques sorte, on expose à la vue des fidèles la « lumière » du Kami, sorte d’aube, de commencement d’un cycle.