C’est parti ! Tout le monde s’est donné rendez-vous à Berlin ce week-end (14-16 septembre) pour le Karate 1 inaugural de l’ère olympique. Yann Baillon, le directeur des équipes de France, fait un état des lieux de l’équipe de France féminine à l’aube des qualifications olympiques. Ce K1 servira aussi re revue d’effectif avant l’annonce de la sélection aux Championnats du monde (6-11 novembre à Madrid), essentielle dans la course pour Tokyo 2020. 2e partie : les femmes.
Par Ludovic Mauchien / Photos : K-Photos
Il ne s’agit que du début. Rien n’est donc écrit. Mais les enjeux diffèrent selon les catégories, surtout au niveau national. Yann Baillon, le directeur des équipes de France, dresse le portrait du Karaté olympique français à l’aube de l’ère olympique, tout en prévenant : « Le K1 de Berlin est très important dans l’optique de la sélection pour les Championnats du monde. L’idée est que Tokyo serve de compétition de préparation. Mais le ranking commence juste. C’est la première. Beaucoup de choses vont évoluer en cours de chemin. La donne peut changer assez rapidement. Le maître mot, c’est la régularité dans la performance. C’est cela qui va être important. Cela ne sert à rien de gagner un Karate 1 et de ne plus rien faire sur les 4 suivants ».
-50 kg
« Alex (Recchia) est largement devant »
« Alex (Recchia) est assez largement devant. Il faut qu’elle confirme les bons résultats. Elle a beaucoup d’expérience, elle est une leader de sa caté au niveau international. Il faudra qu’elle soit régulière. Elle ne pourra pas gagner tout le temps, c’est sûr. Mais elle a la possibilité de monter sur le podium quasiment à chaque fois et c’est cela qui est important dans l’objectif de la qualification.
Après, Sophia (Bouderbane) peut jouer le rôle de la trouble-fête. Elle a eu pas mal de soucis de blessures. On l’emmène pour voir certaines choses pour l’équipe, pour l’accompagner aussi dans sa préparation.
Derrière, Aurore Bourçois a beaucoup progressé. Elle commence à titiller les Seniors, les meilleures même. Il faut qu’elle arrive à battre des noms, des leaders si elle veut marquer des points et jouer les trouble-fête. Elle en est capable. C’est une forcenée de travail.
Ensuite, Sirine Lounes, qui est partenaire du Pôle olympique, a un potentiel intéressant. Il faut qu’elle fasse évoluer son Karaté si elle veut évoluer en Seniors ».
Sélectionnées : Sophia Bouderbane, Alexandra Recchia
-55 kg
« Une catégorie assez compliquée »
« C’est une catégorie assez compliquée. Emilie (Thouy) n’a pas fait une super saison. Elle n’a pas été épargnée par les problèmes perso, blessures, éloignement professionnel qui l’a empêché de faire du Karaté. Cela a été très compliqué pour qu’elle retrouve le niveau. Elle vient de faire une compétition avec son club en Suisse. Elle a gagné. C’est intéressant qu’elle reprenne de la confiance. On connaît son expérience, son niveau de détermination. Il faut qu’elle s’appuie là-dessus pour essayer de revenir à son niveau.
Sabrina Ouihaddadène n’a pas non plus été épargnée par les exigences professionnelles. Elle ne peut pas s’entraîner comme elle le souhaiterait. Cela peut poser des soucis dans sa préparation et sur ses performances. Mais, l’année dernière, elle a fait une saison pas trop mal. On l’avait vue chez les Juniors et les Espoirs, elle avait été décevante. Passée Seniors, elle a eu un coup de boost et elle fait des choses intéressantes. A voir si elle arrive à passer un cap et confirmer. Elle peut jouer une place ».
Sélectionnées : Sabrina Ouihaddadène, Emily Thouy
-61 kg
« Le choix du roi »
« Lucie (Ignace), Gwendoline (Philippe) et en n°3, Leïla (Heurtault). Au vu de la saison dernière, on a fait des choix. Gwendoline était en avance sur les résultats et la régularité. Elle aurait pu prétendre faire les Championnats d’Europe. On a fait un choix d’expérience et de protection vis-à-vis de Gwendoline, en emmenant Lucie, qui fait championne d’Europe ! Cela prouve qu’elles ont toutes les deux un niveau très intéressant. Leïla est un peu moins régulière mais elle a quand même gagné l’Open du Maroc et fait 3e à Paris. Elle a un profil très intéressant.
Ces trois filles ont le profil olympique, très clairement. Elles peuvent toutes se qualifier. Mais la route va être très, très longue. Il va falloir qu’elle se tape entre elles. Il y a 4 qualifiées dans cette catégorie. Cela va être difficile. Mais c’est le choix du roi pour nous. On a la chance d’avoir trois filles qui ont le niveau mondial.
Mais Gwendoline a pris un KO en juillet à l’entraînement sur un Mawashi. Elle a vraiment du mal à s’en remettre. J’espère qu’elle va pouvoir faire abstraction de cela psychologiquement. On a suivi le protocole. Elle ne s’est pas entraînée pendant un mois. Elle a ensuite repris avec de la marche, puis des footings. En tout, elle a été arrêtée deux mois. Elle a seulement repris le Karaté compèt il y a deux semaines ».
Sélectionnées : Lucie Ignace, Gwendoline Philippe
-68 kg
« Alizée (Agier) a gagné deux Karate 1 »
« Alizée (Agier) se place bien. Elle a gagné deux Karate 1. C’est de bon augure. Elle s’est plantée aux Championnats d’Europe mais elle a été la plus régulière sur les K1. Il lui manque encore un petit truc pour être très régulière et s’imposer comme la leader de sa catégorie au niveau mondial. Il ne lui manque pas grand-chose. Cela joue en termes de confiance, garder les acquis, moins se poser de questions. Elle peut être dans le top de façon régulière.
Quant à Lea (Avazeri), elle est capable de battre n’importe qui mais elle est aussi capable de perdre contre n’importe qui. Tu lui mets une espèce d’animosité, une ambiance avec de la pression, un groupe qui la suit car elle a du mal à faire sa perf’ toute seule… Mais elle est toute seule sur le tapis. Il va falloir qu’elle arrive à trouver ses repères en Seniors car elle est capable de battre n’importe qui ».
Sélectionnées : Alizée Agier, Léa Avazeri
+68 kg
« Anne-Laure est très performante »
« Anne-Laure (Florentin) est très régulière, très performante. Aux Championnats d’Europe, elle a survolé la compétition. Mais, avec Anne-Laure, il y a deux-trois filles qui sont aussi très performantes et qui ne sont pas Européennes (la Japonaise Uekusa, l’Iranienne Abbasa…). Il faut qu’elle arrive à battre ces filles-là de façon régulière. Mais elle a incontestablement les capacités de se qualifier. Il va falloir la préserver des blessures car elle a eu pas mal de pépins physiques dans sa carrière.
Nancy (Garcia) a eu des difficultés l’an passé mais elle a fait des coups. Elle fait 2e à Paris en étant très forte. Puis elle n’a plus rien fait. Puis elle gagne les Jeux Méd’. On sait qu’elle est capable de faire de très bonnes performances, qu’elle prend de plus en plus confiance, qu’elle a fait évoluer son niveau. Il faut maintenant qu’elle soit régulière ».
Sélectionnées : Anne-Laure Florentin, Nancy Garcia
Kata
« Alexandra est capable de se qualifier »
« On attend d’Alexandra (Feracci) qu’elle passe un cap. Elle a énormément travaillé. Elle fait beaucoup de sacrifices. Elle vient toutes les semaines à Paris s’entraîner, elle a un programme de préparation physique individualisé. Maintenant, il faut que cela paie. Le problème, c’est qu’en Kata, ça prend du temps. Ce n’est pas parce que l’on est le meilleur que l’on gagne…
C’est la régularité qui va se faire qu’elle va se faire connaître par les arbitres, qui lui donneront peut-être le drapeau et non à la Japonaise ou à l’Italienne. Dès qu’elle prend une tête de série, il faut qu’elle arrive à tout faire pour les taper. Cela n’arrivera pas à chaque fois mais une fois, deux fois, trois fois jusqu’au moment où. Elle est capable de se qualifier. Ca va être long et dur. Il y aura de la déception mais il ne faudra surtout pas baisser les bras.
Il y a aussi Sandy (Scordo), qui a énormément d’expérience. C’est quelqu’un qui a eu la cote au niveau international. Elle s’est éloignée de l’équipe de France de par sa situation personnelle, ses performances. On l’a vu à l’Open de Paris où elle n’était plus du tout au niveau. Aujourd’hui, elle est sortie de l’équipe de France, elle est autonome dans sa préparation. Si elle arrive à trouver les moyens d’être performante, c’est tout bénéf’ pour elle et pour nous. On va être très observateur de son niveau ».
Sélectionnée : Alexandra Feracci
Yann Baillon, directeur des équipes de France.