Finaliste de l’Open de Paris en janvier, championne de France en avril (-55 kg), Sabrina Ouihaddadène, 19 ans, 1er Dan, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Sans complexe, déterminée et travailleuse, la jeune Francilienne de l’ASCS Cormeilles veut aller chercher l’or aux Jeux Méditerranéens disputés à Tarragone (23-24 juin). Portrait.

Par Florian Fournier

Photos : D.R et K-photos


 

Elle a débuté le Karaté au Clichy Wado-Ryu, comme une certaine Emilie Thouy, la championne du monde 2016 des… -55 kg, sa catégorie, pour qui elle voue une grande admiration et un grand respect mais… « Je ne fais pas du sport pour être 2e. Je respecte mes adversaires, surtout Emilie qui m’a beaucoup appris, mais je veux être la meilleure. D’ailleurs, je lui répète souvent : « mon but, c’est de te battre. Plus tu continueras à faire une grande carrière, plus je voudrais faire mieux que toi », sourit-elle.
Sabrina Ouihaddadène est une battante. Dans la vie comme sur le tatami, elle sait où elle va et sa détermination d’aller au plus haut ne fait que s’accroître au fil des ans. « J’ai toujours eu envie de réussir et j’ai travaillé pour ça. Ensuite, les résultats appellent les résultats. Je n’ai donc jamais rien lâché, j’en voulais et j’en veux toujours plus ».
Finaliste de l’Open de Paris en janvier dernier, championne de France Senior et vice-championne de France par équipe en avril, elle a incontestablement franchi un palier cette année. Ces résultats la comble mais ne la rassasie pas : « 2e à l’Open de Paris, c’est la plus belle expérience de ma vie ! Réaliser ça à la maison, devant mes amis, ma famille, c’est un truc de malade ! Mais, aux Jeux Méditerranéens (23-24 juin), je veux marquer les esprits et finir la saison en beauté en remportant l’or. Pour être dans les meilleures, il faut battre les meilleures ».
Sabrina ne s’en cache pas, son objectif majeur est de se qualifier pour Tokyo 2020 et de devenir n°1 mondiale. Pour l’heure, elle apparaît dans le Top 20 mondiale, à 19 ans. « Cette année, j’ai eu la chance de disputer plusieurs Premier League ou Série A et quand tu passes des tours dans ces compétitions, l’expérience accumulée est énorme. Le travail est ensuite plus facile et la motivation est plus grande. On se construit avec le temps, mais parfois, on peut légèrement accélérer ce temps et, cette saison, j’ai le sentiment d’avoir réussi à grandir plus vite ».

 

« POUR ETRE DANS LES MEILLEURES, IL FAUT BATTRE LES MEILLEURES »

Que de chemin parcouru depuis le Clichy Wado ryu où elle a commencé le Karaté à l’âge de 6 ans parce que « petite, j’aimais me chamailler avec mon père, je regardais Bruce Lee, Chuck Norris, notamment Walker Texas Rangers. Ça m’a donné envie de faire un sport de combat ».
St-Ouen, le KC Fosses (Val d’Oise), le sports-étude à Talence puis quatre années au Samouraï 2000, où elle côtoie une génération dorée avec les sœurs Heurtault ou encore Gwendoline Philippe (double championne du monde Jeune), vont la forger et la mener au haut niveau. « Mon expérience mancelle n’a été que positive. Le groupe relevé nous tire vers le haut et fait qu’on doit être au top tout le temps. Mon parcours en sports-étude et dans une structure de haut niveau m’ont donné encore plus l’envie de réussir et de m’investir ». Elle intègre alors l’équipe de France où elle participe à ses premiers championnats du monde jeune en 2015 (défaite au 1er tour).
Depuis la rentrée 2017/2018, c’est à l’ACSC Cormeilles qu’elle s’épanouit. Avec une quarantaine de podiums nationaux cette saison, le club s’installe parmi les cadors du Karaté français « L’ambiance du club et les ambitions du coach (Cherif Tadjer) m’ont séduit. Je voulais retrouver une ambiance plus familiale. Les compétiteurs s’entraînent avec tous les autres pratiquants. Ce côté-là me manquait vraiment. Et Cherif a la capacité de me mettre en confiance, de gérer mon caractère qui est de nature très stressé. Son soutien et son apport ont changé mon Karaté et ma gestion des compétitions. J’ai aujourd’hui un stress positif ».
En plus de ses entraînements quotidiens, Sabrina est aussi de temps en temps la sparring partner de l’équipe de France olympique au CREPS de Chatenay-Malabry. Mais si elle est vouée à 100 % au Karaté, Sabrina ne peut cependant pas si dévouer totalement. Suite à son bac ES obtenu avec mention bien l’an passé, elle a trouvé un emploi dans les assurances et vient de réussir le concours d’entrée de l’école des sous-officiers de la gendarmerie nationale. « Je rêve d’intégrer la gendarmerie du transport aérien ». Sa vie s’annonce forcément en bleu.