Troisième de l’Open de Paris 2018 et ancien titulaire des -60 kg en équipe de France, Johan Lopes se rappelle à nos bons souvenirs en ce début d’année. Toujours aussi déterminé, le karatéka de Rueil ambitionne un retour chez les Bleus et une qualification olympique pour Tokyo 2020. Pour l’heure, il s’entraîne avec son club.

Par Fournier Florian


 

Quel bilan fais-tu après ces quatre premières compétitions de 2018 ?

C’est une démarche assez spéciale, mais je me force à ne pas faire de bilan pour le moment. Dans mon optique de carrière, je prends chaque compétition les unes après les autres pour grandir et être le plus performant possible la saison prochaine, quand les choses vont réellement compter pour la qualification olympique.
L’objectif est d’être le meilleur, d’être le n°1 dès l’an prochain. Pour cela, je vais enchaîner les compétitions, prendre de l’expérience et continuer ce que j’appelle « ma saison d’apprentissage ».

Pensais-tu réussir de telles performances, notamment à Paris où tu te classe 3e ?

C’était mon objectif. Paris était l’endroit idéal pour refaire une grosse performance internationale. Au fond de moi, je sentais depuis un moment qu’il ne manquait pas grand-chose. Ce déclic pouvait venir à Paris avec le soutien de mes proches et, surtout, la présence de mon frère en tant que coach sur la chaise.
Pour la suite, mon frère n’a pu m’accompagner sur les compétitions. Sa présence aurait pu faire basculer des combats dans mon sens, contre Brose à Guadalajara (0-0) ou contre Assadilov à Dubaï (1-0). Mais je suis dans une phase de progression, technique, tactique et même physique. Le meilleur est donc à venir.

Tu as les Jeux olympiques en ligne de mire. Quelles sont les étapes clefs pour y parvenir ?

C’est effectivement l’objectif à atteindre et, pour cela, je vais devoir remettre le pied en équipe de France. Ma dernière grosse sélection remonte à 2012 et les Championnats du monde de Paris. Tokyo 2020 va passer par la case équipe de France. Une case qui va me permettre de continuer ma progression et me donner la possibilité d’avoir un suivi avec le staff tricolore et notamment Ludovic Cacheux que j’aimerais avoir comme entraîneur.

Ta prochaine compétition, l’Open de Rotterdam (16-18 mars), sera ta quatrième en 2018. Comment fais-tu pour financer ta préparation et tous ces déplacements ?

J’ai la chance d’avoir un club qui me soutient et qui a les moyens de payer tous mes déplacements. Sans le club de Rueil, ce serait compliqué. Mais le club et la ville, qui a aussi un très gros projet sportif, m’offre la possibilité de mener à bien mes objectifs. Etant également professeur d’un club en Normandie, Saint-Marcel, celui-ci m’aide aussi dans le financement de ce projet.
Cependant, je dois faire des sacrifices financiers car cela me demande beaucoup de temps. Etant professeur en psychologie du sport à l’université, outre les cours de karaté, mon emploi du temps se restreint avec les compétitions et je dois adapter mon planning professionnel et sportif pour ne pas être déficitaire financièrement. Mais tant que j’arrive à équilibrer la balance, mon objectif sportif reste prioritaire.

Quels sont tes principaux concurrents au niveau international ?

Il y en a trois. Le Brésilien Douglas Brose (champion du monde 2014) qui est très fort stratégiquement, l’Iranien Mehdizadeh (champion du monde 2016), qui possède un karaté très technique, très propre, et, enfin, l’Ouzbek Saymatov (champion du monde U21 en 2016) qui, comme Mehdizadeh, est un karatéka très technique. Je dois m’inspirer de ces trois combattants pour parvenir à les battre.

Que penses-tu de la concurrence française dans ta catégorie ?

Pour réussir, il faut évidemment regarder ce qui se fait autour de soi mais je ne suis pas quelqu’un qui craint la concurrence. Un combattant reste un combattant. Quand il est en face de moi, peu importe son palmarès, je dois le battre. Alors, je ne m’attarde pas trop sur la relève ou la concurrence qu’il peut y avoir, je fais mon karaté.
D’ailleurs, cela me réussit. Chaque année, je gagne soit le championnat de France, soit la coupe de France. En tant que « leader » de la catégorie, pour ne pas avoir peur, je ne dois pas mettre les autres à mon niveau. Je dois concentrer mon énergie sur les échéances internationales et regarder vers le haut.

Tu es 31e au ranking mondial, deuxième Français derrière Sofiane Agoudjil. Ton objectif est-il de participer aux Championnats d’Europe (10-13 mai à Novi Sad)  ?

C’est exactement cela. Lorsque nous regardons le podium de l’Open de Paris, je suis le seul Européen présent. Les -60 kg reste une catégorie très ouverte où le turnover est assez important mais cette performance à Paris me donne bon espoir pour la suite, d’autant plus que je bats le Turc Samdan Eray qui remporte Dubaï dans la foulée.
Ma crédibilité pour disputer les Championnats d’Europe devient de plus en plus sérieuse. Je dois continuer dans cette voie pour faire ma place et être le numéro 1. Porter l’écusson bleu blanc rouge est une fierté pour moi et mon entourage. On m’a tellement donné de confiance que je me dois de la rendre. J’ai envie aujourd’hui d’être un « inspirant », donner l’inspiration aux gens qui m’entourent et aux autres à travers mes performances sportives. L’équipe de France est un objectif.

Ton expérience peut-elle être la clef qui fera la différence ?

Totalement. La clef de mes futurs succès -je l’espère- va être dans mon expérience acquise en tant qu’athlète mais aussi celle acquise en tant qu’homme. Mon parcours scolaire et mes diplômes acquis dans le sport et l’enseignement vont me permettre d’avoir un karaté plus mature.
Si j’arrive à allier cette maturité avec la fougue et la rage de vaincre que j’aies depuis mes premières années de karatéka de haut niveau, cela pourra m’emmener loin.