Il a été vice-champion du monde WKF en 1992, 3 fois champion du monde par équipe de 1994 à 1998. Une fois sa carrière de haut niveau terminée, la trentaine passée, il s’est passionné pour le Kyokushinkaï, qu’il pratique désormais depuis plus de 10 ans.
Son club ? L’ACBB de Jacques Legrée, d’Antonio Tusseau aussi, l’un des 6 favoris du 12e World Open Tournament (22-24 novembre). Arbitre, coach à ses heures, un brin mentor de « Tonio », il nous livre son ressenti sur le Kyokushinkaï et son protégé.
Par Ludovic Mauchien / Photo : L. Mauchien
3 jours de combat sans protection, 8 joutes pour aller au bout. Qu’est-ce qui fait la différence, le physique ou le mental ?
Le mental ! Pour aller au bout, c’est dans la tête. Le 1er jour, c’est la mise en chauffe. C’est toujours rude. Tu prends des pètes. Le 2e jour, il y a 2 combats à disputer. Le 3e jour, il y en a 5 combats ! C’est monstrueux de tenir les 3 jours ! La différence n’est que mentale. Dans la tête, tenir jusqu’au sprint final, la finale donc, c’est extraordinaire ! Extraordinaire !
Sur une journée de compétition, c’est le cardio. Tenir les 3 jours, ça veut dire repartir à la guerre, avec les coups que tu as pris la veille, avec le corps touché, avec obligatoirement des blessures, parce qu’en Kyoku, sans protection, tu ne passes pas chaque journée sans blessure. Cela n’existe pas.
Donc, recommencer avec des blessures tout en faisant fi de cela pour repartir avec la hargne et la gagne… Le mec qui va au bout, c’est un guerrier ! C’est une épreuve monumentale parce que, justement, il y a 3 jours de combat. En plus, sans protection, sans catégorie de poids ! Cela n’existe nulle part.
L’IKO présente 6 favoris pour le titre, dont un Français que vous connaissez très bien, Antonio Tusseau. Quel est le vôtre ?
Pour moi, « Tonio », en cardio, en folie, en combat, c’est le plus talentueux. Il y a un ou deux Japonais qui, techniquement, sont extraordinaires. En revanche, la volonté de Tonio… Il faut qu’il aille au bout parce que, dans la tête, il est vraiment, vraiment fort.
Après, cela ne veut strictement rien dire. La compète, c’est la compète… Dans une compétition sans protection, au KO, sans catégorie de poids, tout peut arriver à tout moment, la blessure, un KO… Les tableaux sont très équilibrés, ils sont donc tous difficiles. Ce qui fait que tout le monde peut avoir un coup dur, ou s’user en prolongation.
En cas d’égalité, il y a 2 prolongations de 1 minute. Si tu mets un KO, cela peut durer 30 secondes. Si tu te tapes 2 fois des prolongations dans la journée et que le mec en face a fait plusieurs KO, cela change complètement la donne.
« J’AI BOUGE AVEC TONIO. IL EST SUR 20-22 ROUNDS DE 3 MINUTES ! »
Vous avez participé à la préparation d’Antonio Tusseau. Comment le trouvez-vous ?
Il est préparé comme jamais. Il se prépare tous les jours depuis 6 mois. Il combat au moins 3 fois par semaine. Il est parti 10 jours au Japon et 10 jours en Russie cet été pour finaliser sa préparation. La dernière fois que j’ai bougé avec lui, sur des rounds avec les grands boucliers pour faire du cardio, il est sur 20-22 rounds de 3 minutes ! Je ne l’ai jamais vu aussi fort. Il fait un parcours parfait de préparation. Physiquement, il est monstrueux.
Vous connaissez Antonio Tusseau depuis 10 ans. Qu’est-ce qui fait, qu’aujourd’hui, il soit parvenu à figurer dans le top 6 des favoris ?
Un combattant arrive à maturité à un moment donné. Je pensais qu’il avait déjà atteint son potentiel. Tonio a cette capacité à être comme un Nadal ou un Federer. Depuis que je le connais, il est de plus en plus fort tous les ans. Je suis surpris de sa progression constante.
Là où il est très fort, c’est qu’il s’entraîne tout seul. Shihan (Legrée) et Julien (Porterie) sont bien évidemment derrière lui mais c’est lui qui gère ses sparrings, son emploi du temps… Il n’a pas un coach attitré.
D’ailleurs, à Tokyo, je vais faire partie de ses coachs, comme Alejandro Navarro (champion du monde, champion d’Europe…) s’il est éliminé rapidement. A New York, c’est lui qui l’avait coaché (2e victoire au All American Open en juin dernier pour Tusseau). Il y aura aussi le staff français, Djema Belkhodja et Lucian Gogonel.
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