A 21 ans, en 2003, il était champion d’Europe en -60 kg. A 32 ans, en 2014, il décrochait la médaille de bronze en -75 kg, après avoir connu trois campagnes mondiales (2006, 2012, 2014). A 36 ans, en 2018, Davy Dona se lance un nouveau défi : briller en Karaté plein contact, lui qui a été si souvent disqualifié pour… contact. C’est pour le samedi 30 juillet à Athènes, à l’occasion de la soirée « Olympus », contre l’Anglais Jérôme Brown, en 3 rounds de 3. Une approche totalement différente de ce qu’il a connu jusqu’ici. Mais il s’est préparé en conséquence…

Par Ludovic Mauchien / Photos : Denis Sekretev / Karaté combat


 

Davy Dona est un personnage haut en couleur, au caractère bien trempé et au Karaté bien appuyé. Champion d’Europe des -60 kg en 2003 (WKF), 3e des -75 kg en… 2014, ses duels avec Rafaël Aghayev sont dans toutes les mémoires. Le dernier, à l’Open de Paris 2017, fut son ultime apparition internationale, ponctuée par une disqualification pour un contact trop appuyé. Tout un symbole de sa carrière tant il en a connue.

Logiquement, forcément, quand le Karaté Combat est apparu, Davy Dona ne pouvait qu’en être. A 36 ans, le Français va disputer sa première joute le samedi 28 juillet à Athènes, lors de la 3e soirée de Karaté Combat, dénommée « Olympus ». Ce sera face Jérôme Brown, de 13 ans son cadet, un gaucher qui lui rend 14 cm sous la toise (1,88 cm pour 1,74 cm). L’Anglais, vice-champion d’Europe Cadets en 2011 (-70 kg, WKF), compte déjà un KO en Karaté Combat. Mais Davy Dona est un warrior…

Le Karaté Combat, c’est un concept fait pour toi ?

(Il rit) Ouais, je pense que c’est fait pour moi ! Par le passé, on a pu voir que j’étais plutôt frappeur (il rit à nouveau). Mais on aura la réponse le 28. En tout état de cause, avec tous les KO que j’ai pu mettre dans ma carrière, toutes les touches appuyées, le concept est pas mal.

Tu dois avoir hâte d’y être ? L’excitation doit commencer à monter…

Ah ouais ! Je suis pressé. J’ai hâte. Franchement, je me suis vraiment bien préparé. Depuis le temps, c’est clair que je suis excité de voir ce que cela va donner, le Karaté plein contact. C’est une nouvelle expérience, un nouveau challenge. J’ai 36 piges, j’ai fini tout ce qui concerne le Karaté sportif. Même les Jeux olympiques ne m’ont pas motivé plus que cela. Ce sera peut-être plus pour Lolita (sa femme, triple championne du monde WKF) qui va essayer de se relancer mais, moi, autant j’étais content pour la future génération, autant cela ne m’a pas motivé d’aller encore m’entraîner, transpirer, me faire diriger et, au final, ne pas avoir d’oseille.

« J’AI TOURNE DANS DES CLUBS DE BOXE FRANCAISE, KICK ET BOXE THAI »

Ressens-tu les mêmes sensations, la même pression que pour tes compétitions précédentes ?

C’est totalement différent. Quand tu pratiques le Karaté en équipe de France, tu passes par des sélections, qui sont super stressantes. Après, à l’approche du tournoi, tu ne sais pas qui tu vas prendre car il y a le tirage au sort. Là, tu connais ton adversaire. Tu en as un à battre et c’est lui. Tu n’es concentré que sur une personne. Tu te renseignes sur son profil. Tu n’as pas à t’adapter à 5 ou 6 types de Karatékas. C’est donc différent.

Comment as-tu axé ta préparation ?

A partir de la signature de mon contrat en octobre 2017, je me suis rapproché de champions de différentes disciplines de contact et j’ai pris deux coachs qui supervisent ma préparation, Djilali Aimene, mon coach principal qui a fait quelques combats de MMA dans sa jeunesse, et Olivier Millier, qui est connu dans les milieux du JJB et du MMA. J’ai commencé ma préparation dans la foulée car je devais combattre à Budapest, en février, mais je me suis blessé au genou. Bon, c’est pour cette semaine...

J’ai su que j’allais combattre deux mois à l’avance. Il y a le temps de faire une bonne préparation. Jusqu’alors, je faisais de l’entretien, 2 fois par jour. A partir du moment où j’ai eu la date, on a passé la 10e vitesse.

La préparation est forcément très différente que ce que tu as connu jusqu’à maintenant…

Ca n’a rien à voir ! C’est une préparation harassante. C’est vraiment dur. Je dois mettre des coups appuyés et pas contrôlés. Je ne me suis jamais préparé comme ça ! Je m’entraîne 2 fois par jour, 6 à 7 jours par semaine, selon le planning d’entraînement établi par mes coachs. Sauf une semaine où j’ai fait 3 entraînements par jour, cela représente 4h par jour. Je peux faire 5 jours pleins, puis 1 ou 2 jours où je vais seulement aller courir.

J’ai trois entraînements distincts : un de préparation physique, un où l’on me donne la leçon au Pao et à la patte d’ours, et un consacré au sparring. Cela peut aller de 10 sparring-partners où l’on tourne tranquillement à un sparring où on va aller chercher le KO.

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« BIEN SUR QUE JE CONTINUE A DONNER DES COURS »

Quels étaient le profil de tes sparrings ?

Certains sont relativement connus dans le milieu du MMA. David Bear, qui a fait le Contenders de l’UFC, Youcef Boumoula, Papou, Reda Oudgou… Ensuite, je m’entraîne dans différents endroits, dans mon club déjà, le Budokan Thiais avec mes élèves mais j’ai aussi tourné dans des clubs de Boxe française, Kick-boxing et Boxe thaï.

As-tu travaillé spécifiquement ta condition physique ?

Ah oui ! Rien à voir. Le Karaté sportif, c’est du fractionné avec beaucoup d’arrêts. L’arbitre s’interpose à chaque fois pour attribuer les points. Alors qu’en Karaté Combat, c’est du 3 fois 3 minutes continu, avec 1 minute de pause entre les rounds. Ce n’est plus du tout la même condition physique. Ca envoie en pleine puissance ! Et ce n’est plus à la touchette, c’est au KO.

Au regard du profil de ton adversaire, plus jeune et plus grand, as-tu préparé des trucs spécifiques ?

Oui, oui, bien sûr. Il a fallu adapter beaucoup de choses ! Il fait 1,88 m et moi, je fais 1,74 m. En plus, c’est un gaucher. Le gars a tout pour me faire chier (il rit). Même si je suis ambidextre et que je me sers des deux jambes de la même manière, travailler sur un gaucher est quelque chose d’assez particulier.

Je viens de le découvrir. Il ne m’avait pas marqué plus que ça dans le Karaté traditionnel. Mais il a gagné son 1er combat par KO. Donc… C’est bien, c’est bien ! (il rit).

Continues-tu à donner des cours ?

Bien sûr ! Il faut savoir que l’on est l’un des tout meilleurs clubs de France, sur 4964. On a 450 licenciés au Budokan Thiais (94) et 100 au King Karaté à Villeneuve-le-Roi (94). Donc, bien sûr que je continue à donner des cours ! Et j’en donne quasiment tous les jours.

Karaté 54

Davy Dona a toujours été un Karatéka spectaculaire et imprévisible.