De retour à la compétition en 2016 dans un challenge très audacieux, Jonathan Maruani est à quelques encablures de réaliser ce pari fou de se qualifier pour les JO de Tokyo (5-7 août). Représentant la France en kata, le Tricolore est un athlète expérimenté qui sait répondre présent le jour J.

Par Florian Fournier
Photos : D.R


Dans quel état d’esprit abordes-tu le TQO ?

Je suis apaisé. J’ai démontré par le passé, qu’en étant à la maison, j’arrivais à m’exprimer pleinement sur le plan physique, technique et même mental. Être à Coubertin pour ce TQO est un avantage certain. Je connais les lieux et je m’y sens bien, donc j’aborde cette compétition de manière plus sereine que les Championnats d’Europe.

On t’a vu monter en régime aux « Europes » entre tes 2 tours. Ce nouveau format de compétition lors du TQO te convient-il mieux ?

Le format de cette compétition est très intéressant pour moi. De 2006 à 2012, nous avions les éliminatoires le matin et les finales le soir. J’ai donc l’expérience de ce type de compétition.
De plus, j’ai constaté depuis ma reprise en 2016 que mon karaté était « diésélisé ». J’ai un 1er tour moins bon que le 2e, un 2e moins bon que le 3e et ainsi de suite. Autre point positif, avec 48 inscrits, cette compétition va beaucoup ressembler à celle du Chili l’an dernier avant la Covid où je termine 5e avec sensiblement les mêmes compétiteurs qu’au TQO, ce qui me met dans de bonnes dispositions mentales.
Enfin, dernier point qui me plaît, c’est le format duel que l’on retrouvera le soir. Même si je n’y pense pas pour le moment, chaque chose en son temps, ce que je préfère dans le kata, c’est le face à face et non être tout seul devant aucun arbitre. Je suis un compétiteur, un battant et le format duel face à un adversaire direct me transcende.

Ta stratégie est-elle en place ?

Je connais les 5 katas que je vais présenter. Nous sommes en balance entre 2 pour en définir 4 et cela peut dépendre de mes adversaires. Une chose est sûre, c’est que je commencerai par Gojushiho Sho. Après, l’ordre n’est pas entièrement défini mais je présenterai quoiqu’il arrive Unsu et enfin Sansaï, kata que j’ai découvert et qui me correspond totalement.

D’ailleurs, si j’en suis là aujourd’hui, c’est un peu grâce à ce dernier. C’est un kata où je peux m’exprimer pleinement. Il y a beaucoup de rotation, son schéma fait qu’on se déplace sur tout le tatami un peu comme un bunkai et c’est pour cela que j’affectionne ce kata.
Enfin, l’hésitation se porte entre Kankusho et Suparinpei version shotokan. Sur Kankusho, kata très explosif, je n’ai pas encore réussi à briller pleinement et sur Suparinpei, kata très long, je pourrai le sortir dans un duel contre le Suisse ou contre l’Allemand qui sont Shito ryu. Les choix se feront le jour J. Mais, dans tous les cas, je suis prêt.

Quand on a un parcours comme le tien, on n’a rien à perdre ?

C’est compliqué. D’un côté, je n’ai rien à perdre et, d’un autre côté, j’ai tout à perdre. J’ai 5 ans de sacrifices derrière moi et je sais que tous les athlètes présents ont aussi fait énormément de sacrifices. Pour ma part, j’ai une femme, un enfant, un travail et j’ai pris énormément de risques sur le plan personnel et professionnel. Aujourd’hui, tout n’est pas rose. Il y a des moments moins évidents que d’autres et si je rate mon objectif d’aller aux JO, ce sera un échec.

Cependant je sais que tout cela reste du plaisir, c’est ce que je me répète dans ma prépa mentale mais je ne peux pas me dire non plus : « vas-y, fonce, t’as rien à perdre ». J’ai 5 ans de préparation derrière moi, peu de personnes auraient été capable de traverser et d’affronter les embûches comme je l’ai fait. Je dois donc être sérieux et appliqué pour atteindre mon objectif. J’ai la culture de la gagne inculquée par mon père et je me dois de qualifier cette catégorie aux JO.

 

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