Aucune finale, 4 médailles de bronze, une 14e place au classement des nations. La France n’avait pas connu une telle désillusion de toute son histoire ! A Porec, à l’occasion des Championnats d’Europe (18-23 mai), les Tricolores ont montré des limites peu rassurantes à 3 semaines du TQO et à moins de 3 mois des JO. L’heure est à la remise en question. Il faut rallumer la flamme. Bilan des Français et pronostics pour le TQO.
Par Florian Fournier et Ludovic Mauchien à Porec, Croatie
Photo : D.R
A Porec, la France est rentrée dans le rang. Privée de finale en combat pour la 1ère fois depuis 2014 et les Championnats d’Europe à Tampere (11e avec 1 argent en Kata et 6 médailles de bronze), elle affiche son pire bilan européen de toute son histoire. Cette fois-ci, le Kata en (re)construction n’aura pas sauvé les meubles. Les Tricolores finissent à une peu glorieuse 14e place des nations. Il va falloir se poser les bonnes questions.
-60 kg : Berthon en ¼ pour sa première
Il n’a certes pas créé l’exploit mais il a fait bonne figure et s’est montré à la hauteur de son 1er rendez-vous international chez les Seniors. Enzo Berthon, tombé en ¼ de finale face à l’Italien Greco (2-0), a montré de belles choses. L’avenir peut lui appartenir.
-67 kg : Steven Da Costa en bronze mais…
On le sentait sur la défensive depuis la reprise des compétitions. Au K1Lisbon début mai, c’est passé quand même (victoire). A Porec, il s’est fait surprendre en ¼ de finale par le Russe Plakhutin, habituellement en -60 kg (8-2), futur médaillé d’argent. Le champion du monde est « passé à côté », pour reprendre ses propos. Mais quand Steven Da Costa passe à côté, il ramène tout de même une médaille (bronze). Déjà qualifié pour les JO, il va pouvoir se concentrer sur son travail pour retrouver la flamboyance qui a fait de lui un champion du monde et fera peut-être de lui un champion olympique. « Je sais ce que je dois travailler, enfin, j’espère », a-t-il lâché. On peut lui faire confiance.
-75 kg : Logan Da Costa à la peine
S’il n’a pas perdu son côté guerrier, il n’a pas encore retrouvé ses sensations d’avant blessure. Lourdement défait par Luigi Busa au 3e tour (9-1), Logan Da Costa devrait disputer le TQO à Paris dans 3 semaines mais, pour se qualifier pour Tokyo, il va falloir qu’il reprenne la main sur son Karaté.
-84 kg : Farouk Abdesselem entre-deux
En concurrence avec Mehdi Filali, il jouait sa qualification pour le TQO. S’il l’obtient, ce que nous pensons, il ne l’a pas forcément gagné car c’est plutôt Mehdi Filali qui l’a perdue (voir plus bas). Défait au 3e tour contre le champion du monde Ivan Kvesic (3-0), futur 5e, Farouk Abdesselem n’a pas allumé l’étincelle pour briller de mille feux.
+84 kg : Mehdi Filali transparent
L’année écoulée sans compétition du fait du Covid aura été très préjudiciable au Marseillais. Mehdi Filali n’a pas retrouvé son karaté. Il l’a même perdu. Que ce soit en individuel comme en équipe, il a traversé ces championnats comme un fantôme. Il s’incline au 3e tour contre l’Azerbaïdjanais Gurbanli, finalement 5e (3-2).
Kata homme : Maruani entre espoir et regrets
Absent des compétitions internationales depuis 2013 alors en équipe kata, Jonathan Maruani représentait la France pour la première fois en individuel. Accédant au 2ème tour, il termine 5ème de sa poule et ne peut accéder au tour suivant. Si les places pour disputer une médaille paraissait légèrement hors de portée au vu du tirage au sort (Quintero vice-champion du monde 2018, Smorguner vice-champion du monde 2014 et Busato), une accession au 3e tour en passant devant le puissant Hongrois Botond semblait possible. Qu’a cela ne tienne, le Tricolore construit son expérience et se servira de ce semi-échec pour viser une place qualificative au JO lors du TQO.
Equipe Kumite hommes : mi-figue, mi-raisin
Son parcours n’est pas mauvais mais il n’est pas bon non plus. L’équipe de France est parvenue en ½ finale après avoir dominé la Slovaquie, la Pologne et la Serbie. Ca, c’est le côté positif. Pour la suite, on reste sur notre faim car il y avait la possibilité de faire mieux. En ½ finale, face à la Croatie, future lauréate chez elle, la France s’incline 3-1 sans éclat. Pour le bronze, contre l’Ukraine, elle s’incline sèchement 3-0. Dommage car une médaille aurait forgé ce groupe. Mais trop d’individualités n’ont pas su ou pu se transcender.
Equipe Kata Hommes : en construction
La France revient sans médaille de ces championnats d’Europe pour la seconde fois d’affilées. Présentant une jeune équipe qui n’avait jamais évolué au haut niveau ensemble, les Bleus n’ont pas réussi à se qualifier pour disputer une médaille. Poisson, Noël et Morassy se serviront de cette expérience pour construire l’avenir et faire un meilleur résultat aux championnats du monde.
-50kg : Recchia termine par le bronze
Pour sa der, Alexandra Recchia remporte le bronze. La Française quintuple championne du monde, qui disputait ces derniers championnats d’Europe, repart avec une médaille et sûrement bien plus. En forme, la Française retrouve son niveau et son plaisir sur le tatami. Après sa performance au K1 de Lisbonne où elle termine en bronze en battant notamment la n°1 mondiale, la Turque Ozcelik, Alexandra Recchia marque de gros points pour participer au TQO.
-55kg : Echec de la mission pour Gwendoline Philippe
Evoluant habituellement dans la catégorie des -61 kg, Gwendoline Philippe était alignée en -55kg. Acceptant ce pari tenté par le staff de l’équipe de France, la Française a dû perdre 6kg pour être au poids en deux semaines. Un pari osé qui ne lui a pas souri sur les tatamis. Défaite en ¼ de finale 8/0 par Cardin, Gwendoline Philippe compromet ses chances de participation au TQO et voit Tokyo s’éloigner.
-61kg : Heurtault en bronze et proche du TQO
Alignée en individuel dans cette catégorie, Leïla Heurtault revient de loin. Toujours constante et faisant preuve d’une confiance et d’une abnégation à toutes épreuves, la Française remporte la médaille de bronze. Victorieuse de l’Allemande Miggou (3-1), ce succès lui permet de rajouter une ligne de plus à son palmarès et d’entrevoir avec plus de certitude le TQO de Paris.
-68kg : Agier dans la constance
Championne d’Europe en titre, Alizée Agier continue d’être régulière. Si elle échoue en finale pour le bronze en s’inclinant contre la Danoise Pedersen (1-1), la Française arrive toujours à se placer près des podiums.
Vainqueur du second test-matchs organisé par la fédération française de Karaté, Agier nous paraît être la plus légitime pour participer au TQO dans la catégorie +61kg.
+68kg : Nancy Garcia, 2 victoires et puis s’en va
Défaite au 3ème tour contre la Kosovar Orana (1-0) pour ses premiers championnats d’Europe Senior, Nancy Garcia ne peut prétendre à une qualification au TQO (+61kg) au vu des critères de sélections de la FFK.
Kata Femme : Feracci montre sa progression
3ème lors des derniers championnats d’Europe à Guadalajara (Espagne) en 2019, Alexandra Feracci termine 5ème de ces championnats d’Europe à Porec (Croatie). Battu par l’Italienne Viviana Bottaro habituée des podiums internationaux, Alexandra Feracci n’a pas à rougir de sa performance. Montrant ses qualités et l’énorme progression effectuée dans son travail, la Française peut nourrir de bons espoirs au TQO de Paris. Sans nul doute qu’elle s’est faite remarquée par le corps arbitral.
Equipe Kumite femmes
Beaucoup d’espoirs étaient placés dans les championnes du monde. Elles ont tenu leur rang face à l’Azerbaïdjan puis l’Ukraine de Terliuga et Serogina lors des deux premiers tours avant de l’emporter contre le Kosovo en ¼ de finale. En ½ finale, face à une fraîche et sémillante Allemagne, future lauréate, l’affaire aurait pu être rapidement pliée, tout comme face à la Croatie pour le bronze. Mais, à chaque fois, les Françaises s’inclinent 2-1. Peut-être aurait-il fallu aligner Laura Sivert et Léa Avazeri à chaque fois. Elles étaient sélectionnées qu’en équipe ; Elles avaient les crocs…
Equipe Kata femmes : un rayon de soleil
L’équipe de France kata est le rayon de soleil de ces championnats d’Europe. La jeune équipe emmenée par la cadette des sœurs Feracci et composée de Louise Frieh et Laura Pieri remporte le bronze. Dans leur duel qui les opposait aux Allemandes, les Françaises se sont montrées plus appliquées et plus déterminées à glaner la médaille. Une récompense qui leur permet d’entrevoir un bel avenir avec en ligne de mire les championnats du monde à Dubaï en novembre prochain.
Notre pronostic pour le TQO :
Alexandra Recchia (-55kg)
Leïla Heurtault (-61kg)
Alizée Agier (+61kg)
Logan Da Costa (-75kg)
Farouk Abdesselem (+75kg)
Alexandra Feracci (Kata F)
Jonathan Maruani (Kata H)