Dessinatrice, karatéka et mère de famille, Anne Goudenove est une femme aux multiples casquettes. Créatrice d’Art Dojo, elle a su allier avec succès le dessin et le karaté. Passionnée et dévouée dans tout ce qu’elle entreprend, c’est une femme au parcours atypique que nous vous invitons à découvrir.

Par Florian Fournier


Baignée depuis très jeune dans le dessin, Anne Goudenove a tout de suite, comme son papa, été prise de passion pour cet art. Soutenue par ce dernier, elle va y consacrer sa vie. Découvrant le karaté lors de son séjour de deux ans en Afrique où elle a suivi son mari, c’est en véritable passionnée de l’art martial japonais qu’elle va revenir en France et continuer sa pratique, après la naissance de son premier fils.

Maman d’un enfant sourd, cette étape de la vie a poussé Anne Goudenove à passer son diplôme d’entraîneur de Karaté (2006) pour l’enseigner à son fils. Elle est également à l’origine d’un DVD sur le karaté pour les personnes sourdes et malentendantes.  

Artiste peintre avant d’être karatéka, vous alliez les deux avec succès. Comment s’est passé la rencontre de ses deux univers ?

L’idée m’est venue après un voyage en Chine. Passionnée par l’histoire de l’art que j’étudie depuis des années, quand je suis revenue de ce voyage, je me suis penchée sur l’art asiatique. Découvrant le musée de l’art japonais à Toulouse, j’ai décidé de me lancer dans des productions en rapport avec l’Asie.
Etant également une grande lectrice, je trouve beaucoup d’inspiration dans celles-ci et c’est au fur et à mesure que je me suis dit mais pourquoi ne pas allier le karaté et la peinture. J’ai franchi le pas et aujourd’hui je suis très heureuse.

Quelles peintures préférez-vous faire ? Les portraits de sportifs ? Des peintures plus traditionnelles ?

J’aime énormément de choses. A vrai dire, j’aime tout mais les portraits restent ce que je préfère. C’est en quelque sorte un défi que je me lance quand je dessine un portrait. Bien que ce soit la chose la plus difficile, j’aime relever ce combat.
On se rapproche du karaté. Dessiner un portrait, c’est être concentré, précis, patient et très technique, comme lors d’un Kumite. A côté de tout cela, je peins aussi des portraits de famille, ou toute sorte de choses en rapport avec le karaté ou l’Asie.

En termes de karaté et de peinture quelle serait votre peinture idéale que vous aimeriez réaliser ?

J’ai eu la chance de faire le portait de mon idole, Lucas Valdesi à qui j’ai pu présenter mon œuvre mais la peinture de mes rêves est une immense fresque acrylique sur le Japon et le karaté.
Malheureusement, cette réalisation coûte très cher et je n’ai pas assez vendu de peinture à l’heure actuelle pour réaliser cette œuvre. Mais cela reste dans un coin de ma tête et j’espère pouvoir la réaliser un jour. En attendant, j’envisage dans un premier temps un voyage au Japon pour trouver de nouvelles inspirations et découvrir de merveilleuses choses.

Quels retours avez-vous de vos œuvres ?

Je suis toujours gênée quand on emploie le mot « œuvre » car je n’estime pas réaliser des œuvres, mais il est vrai que les gens sont contents de ce que je produis. C’est surtout très encourageant de recevoir du soutien que ce soit lors des compétitions où je peins ou sur Facebook.
Mes peintures m’ont permis de rencontrer beaucoup de monde. Des personnes que je ne voyais que sur YouTube et que je ne pensais pas approcher un jour.
Le premier exemple qui me vient est encore Lucas Valdesi. Grâce aux portraits que j’ai pu faire de lui, il m’invite chaque année à son événement « Karate and Relax » et nous sommes devenus des amis. Au final, c’est peut-être ça le plus beau retour, des rencontres avec des gens d’exceptions.
Et je ne voudrais pas oublier Xavier Servolle qui m’a toujours apporté son soutien et grâce à qui mes toiles ont pu être exposées sur le site de la WKF.

Quels sont vos projets dans la peinture et le karaté ?

J’ai le rêve de faire un jour une exposition en France. Montrer mes toiles de karatékas serait un honneur pour moi. Si j’aime peindre le karaté et que je vais continuer de le faire, c’est pour la simple et bonne raison que je veux contribuer à donner une bonne image du karaté.
J’aime cet art martial, j’aime ce qu’il nous renvoie, j’aime la philosophie de maître Funakoshi et, avec mes peintures, je veux continuer à transmettre tout ça.
D’ailleurs, en termes de karaté, je pense que dans les écoles des cadres, les futurs enseignants devraient lire le livre de Funakoshi (« Karate-do, ma vie, ma voie ») et apprendre les Dojo-Kun. C’est un projet que je voulais instaurer lorsque j’étais dans les instances du karaté.

Vous avez commencé le karaté en Afrique, quelles différences faites-vous avec le karaté européen ?

En Afrique nous étions dans un petit village, et la pratique du karaté se faisait sur une chape de béton, les insectes nous entouraient mais cela ne nous empêchait pas de pratiquer dans la bonne humeur et le respect. Je me souviens du premier jour où j’ai eu mon premier karaté-gi, j’étais comme une enfant.
Nous avions fait faire notre tenue chez un tailleur et c’était magnifique. On ne se rend pas compte à quel point cette tenue peu rassembler les cœurs. Dans la vie de tous les jours, nous étions « les blancs », « les notables ». Mais là nous étions tous pareil et c’était formidable. Aucune différence, tout le monde travaillait ensemble et l’entraide surtout, c’est cela que j’aimais dans ce karaté.
En France, les conditions sont différentes, si le niveau est meilleur et plus développé, pour le moindre petit trou dans le tatami, les gens se plaignent et on part tout de suite dans des procédures administratives longues et pénibles. Et je crois que c’est cela qui me dérange dans la mentalité européenne. Le confort nous fait oublier qu’il y a des choses plus graves dans la vie qu’un petit trou dans un tatami.

Aimeriez-vous développer des actions là-bas ?

Effectivement j’y ai pensé plusieurs fois, et je souhaiterais aider le karaté à se développer en Côte d’Ivoire mais j’ai toujours peur que mes dons soient détournés ou qu’on ne s’en sert pas pour l’utilité du karaté.
Ensuite, il y a toujours ce problème de moyens financiers. En vendant plus de toiles, je pourrais aider et mettre en marche tous ces projets pour l’Afrique et pour le karaté là-bas. Mais, pour l’instant, je fais avec les moyens du bord et quand je peux aider ou offrir des toiles ou autres pour développer le karaté, je le fais avec grand plaisir.

Ex-présidente de club, ex-vice-présidente de ligue, ex-membre du comité directeur de la FFK, professeur auprès de votre fils, que vous apporte cet investissement si profond dans le karaté ?

C’est un bien être total. Et même si cela était parfois dur surtout lorsque je donnais des cours en langue des signes à mon fils au club, à la fin je me sentais apaisée.
Tous ces combats que j’ai pu mener à différentes échelles m’ont toujours permis de me sentir bien. J’ai ce besoin d’être utile à l’autre, de rendre la vie meilleure dans la mesure du possible…