Le Petit Prince du Karaté français est de retour sur ses terres. Moins de trois mois après son titre mondial, à seulement 21 ans, Steven Da Costa (-67 kg) est prêt à faire feu de tout bois en 2019.
Actuel n°3 du ranking olympique, le Lorrain sait que le chemin qui mène à Tokyo est encore long. Il se poursuit avec l’Open de Paris – Premier League (25-27 janvier), dont il est le tenant du titre. Paroles de champion du monde…
Par Ludovic Mauchien / Photos : Kphotos
L’avenir lui était promis. Il a conjugué son histoire au présent à Madrid, en novembre dernier. A l’issue d’une finale enlevée face à Vinicius Figueira, la plus belle et la plus folle de cette 24e édition, Steven Da Costa a été sacré champion du monde des -67 kg !
Souvenirs… Le Français et le Brésilien ne se sont jamais affrontés. Ils ne se connaissent pas suffisamment pour anticiper les pièges tendus par l’adversité. Le premier piégé est le Français. Il est rapidement mené 3-0, loin du scénario rêvé. L’affaire est mal engagée. L’heure est aux fondamentaux, aux spéciaux. Balayage ou Ura Mawashi ? Ce sera balayage : 3-3. Steven Da Costa a-t-il fait le plus difficile en égalisant ? A-t-il pris l’ascendant ? La réponse ne tarde pas : Mawashi au corps de Figueira, 5-3 pour lui. Le rapport de force s’inverse ? Que nenni ! Le Français sort son « very special » : Ura Mawashi, 6-5. Il est sacré champion du monde à seulement 21 ans, ce qui en fait le plus jeune de l’histoire de France (chez les femmes, Lucie Ignace a gagné en 2012 à 19 ans). Ca, c’est fait !
C’est donc en champion du monde en titre que Steven Da Costa attaque la longue ligne droite en direction des JO de Tokyo. C’est aussi, grâce aux points acquis en Espagne, en n°3 du ranking olympique, en embuscade derrière… Vinicius Figueira, 2e, qui ne possède que 15 points d’avance (voir ci-dessous).
Les points ne compteront à 100% qu’à partir d’avril prochain et le Premier League de Rabat. Mais, c’est bien connu, tout ce qui est pris n’est plus à prendre. Et Steven Da Costa est bien décidé à ne pas en laisser beaucoup aux autres. Champion du monde, c’est bien, mais double champion du monde et champion olympique, c’est mieux…
Trois mois après, à froid, qu’est-ce que cela fait d’être champion du monde ?
C’est toujours le même sentiment que le lendemain ou deux jours après (il rit). Je suis vraiment content, évidemment. Je réalise peut-être un peu plus mais bon… je n’en fais pas des tonnes. Rien n’a changé. Je suis toujours le même en tout cas.
Si je te dis Madrid 2018, quel souvenir te vient-il immédiatement à l’esprit ?
La finale. Pas une action ou un moment particulier, toute la finale ! Elle m’a fait transpirer (il rit).
Qu’est-ce qui a fait la différence ce jour-là ?
Je pense que c’est l’état d’esprit.
« ME METTRE DANS CET ETAT D’ESPRIT A CHAQUE COMPETITION »
Te penses-tu plus fort mentalement depuis ce titre ?
Hummm… Pas plus fort mais… Je voulais vraiment gagner, j’étais très déterminé et cela a porté ses fruits. A moi d’essayer de me mettre dans cet état d’esprit à chaque compétition.
Quel sentiment a prédominé dans la foulée des Mondiaux : celui de vide, car tu avais rempli ton objectif, ou l’envie de gagner un autre titre ?
L’envie d’en gagner un autre, bien sûr ! Un objectif a été atteint. Il y en a de nouveaux. Désormais, je passe à autre chose. L’histoire continue. A plus ou moins long terme, l’objectif, c’est Tokyo. Mais, d’abord, il y a toutes les compétitions de préparation, à commencer par l’Open de Paris.
Dans quel état d’esprit abordes-tu cet Open ?
Avec les Jeux en ligne de mire, toutes les Premier League sont forcément des objectifs. Etre champion du monde m’a donné de l’avance mais il faut savoir la garder. Si je ne gagne rien, je vais vite la perdre.
Et, là, c’est l’Open de Paris ! C’est à la maison. C’est aussi ma première compétition en individuel après les Mondiaux -j’ai fait la Coupe de France par équipe-. Il va falloir se remettre dedans, voir où j’en suis.
Crois-tu que tes adversaires vont avoir un regard différent sur toi ?
Je ne pense pas, on se connaissait déjà bien. On se connait tous ! Cela ne changera rien.
Vous vous connaissez tous quasiment par cœur. Comment cela gère-t-il ?
A force, cela devient un peu « relou » de prendre souvent les mêmes. Mais c’est comme ça. On le sait. A chacun de faire la différence. Je travaille à la fois mes points forts tout en préparant des trucs nouveaux.
Qu’as-tu fait depuis Madrid ?
J’ai pris un peu de repos dans la foulée. Je n’ai pas arrêté totalement. Je m’entraînais 2 fois par semaine. J’ai été pas mal sollicité aussi, par les médias, pour des réceptions. J’ai d’ailleurs été nommé ambassadeur du sport de Mont-Saint-Martin.
Je suis retourné 2-3 semaines après à l’entraînement pour une reprise de la routine (il rit). Depuis, le jour de Noël et le jour de l’An sont les seules journées où je ne me suis pas entraîné.
LE RANKING
Il existe désormais 2 rankings, le mondial et l’olympique. Pour ce dernier, les -60 kg et -67 kg étant regroupés, les performances aux Championnats du monde s’avèrent déterminantes pour l’heure. Ainsi, le n°1 olympique, l’Italien Crescenzo, sacré en -60 kg, n’apparaît pas dans les cinq 1ers mondiaux. A l’inverse, Burak Uygur, le Turc double champion d’Europe mais éliminé au 2e tour à Madrid, n°2 mondial, n’apparaît pas (encore) dans le ranking olympique.
Finalistes des -67 kg, le Français Steven Da Costa et le Brésilien Vinicius Figueira ont réalisé un joli coup. Déjà bien placés, ils ont respectivement inscrit 1275 et 905 points à Madrid. Ils sont 2e et 3e du ranking avec… 15 touts petits points d’écart.
Pour mémo.
Les points. 100 (1er), 70 (2e), 40 (3e), 30 (5e), 20 (7e), 10 (9e), 5 (11e-13e), 3 (15e-33e). Match gagné : 10. Participation : 5.
Les coefficents. 12 pour le championnat du monde, 6 pour les championnats continentaux et les Premier League, 3 pour les Series A et Youth League.
Ranking mondial (21 janvier)
-67 kg
1er : Vinicius Figueira (6380 points)
2e : Burak Uygur (5377)
3e : Steven Da Costa (5132)
4e : Ali Elsawy (3717)
5e : Hiroto Shinohara (3482)
-60 kg
1er : Eray Samdan (6055 points)
2e : Sadriddin Saymatov (5872)
3e : Angelo Crescenzo (5642)
4e : Douglas Brose (4137)
Ranking olympique
1er : Angelo Crescenzo (2700 points)
2e : Vinicius Figueira (2625)
3e : Steven Da Costa (2610)
4e : Abdel Rahman Almasatfa (2227)
5e : Abdessalam Ameknassi (2190)