Le 6 novembre, à midi, Alexandra Feracci représentera la France en kata lors des 24èmes championnats du monde sénior. Se déroulant cette année à Madrid (Espagne), la compétition va regrouper 74 karatékas dans cette catégorie. Un record.
Pour devenir championne du monde, la jeune tricolore devra réaliser un véritable exploit.
Par Florian Fournier
Photo : KPhotos
A 26 ans, Alexandra Feracci va disputer ses deuxièmes championnats du monde. Après Linz (Autriche) en 2016 où elle avait échoué après trois tours passés, l'aînée des sœurs Feracci 5ème au dernier championnats d'Europe arrive en pleine ascension technique, physique et psychologique à Madrid. Déterminée comme toujours à monter sur la plus haute marche du podium, la jeune Corse sait ce qu'elle doit faire pour parvenir au sommet. Ne laissant rien au hasard dans ses entraînements et sa préparation, son statut d'outsider pourrait faire sa force.
Comment abordes-tu tes deuxièmes championnats du monde ?
Avec détermination et une envie de médaille débordante. En deux ans j'ai acquis une maturité technique, physique et même psychologique qui me permet aujourd'hui d'aller aux championnats du monde en regardant droit dans les yeux mes adversaires pour décrocher une médaille. J'ai travaillé d'arrache-pied pendant deux ans avec sérieux et professionnalisme, il faut que cela paye aujourd'hui.
Justement, qu'est ce-qui a changé pour toi depuis Linz en 2016 ?
J'ai grandi psychologiquement, dans la façon de me préparer, d'aborder les compétitions. J'ai pu par mes différents résultats (5ème aux championnats d'Europe 2018) me rendre compte du travail à faire et prendre également de la confiance sur mes capacités à battre les autres filles du circuit. Au niveau du karaté, mes katas ont plus de sens aujourd'hui, et c'est aussi le résultat d'une plus grande maturité, d'une prise de conscience certaine et d'un travail sans relâche. En kata il n'y a pas de secret, il faut travailler et le temps d'investissement et d'effort apportera toujours un résultat.
Pour décrocher une médaille il te faut battre une des quatre filles au-dessus du lot actuellement (Sanchez, Shimizu, Lau et Bottaro). Sur quoi tu peux faire la différence contre elle ?
Effectivement, aujourd'hui ces quatre là dominent la catégorie. Pour les battre, je vais devoir faire un kata très puissant et très dynamique. Je pense que c'est la clef face à elles. Si je ne met pas d'ancrage au sol, la tâche sera très compliquée.
De voir Shimizu se faire battre plusieurs fois l'an dernier, ça redonne de l'espoir ?
Il n'y a pas de doute la dessus. Pendant plusieurs saisons la hiérarchie ne bougeait pas et c'était limite frustrant de voir ça. Mais depuis l'an dernier, cela change, personne n’est intouchable et ça rend les compétitions encore plus palpitante. La vérité d'aujourd'hui n'est pas celle de demain et on se permet de croire encore plus en ses rêves.
Contrairement aux autres championnats du monde, celui-ci compte pour la course au Jeux Olympiques, tu y penses ?
Pour le moment je n'y pense pas. Ce serait me rajouter une pression supplémentaire et je n'en n'ai pas besoin. Le plus important c'est de rester focus sur la compétition et partir à la conquête d'une médaille. Maintenant j'espère que le jour J, je n'y penserai pas non plus.
Cependant on est quand même tous au courant que ces championnats du monde auront une saveur particulière.
« Je manque encore légèrement de notoriété »
On a vu cet été les italiennes partir s'entraîner au Japon avec Usami (championne du monde 2012), Grace Lau être supervisée par Antonio Diaz au mois de septembre, cela t’intéresserait ce genre d'expérience ?
Sans aucun doute. J'ai eu la chance déjà de partager des entraînements avec ces deux légendes et pouvoir apprendre à leur côté plus longtemps serait un plus énorme. L'échange et le partage font parti intégrante de notre discipline donc ce serait avec grand plaisir.
Quel bilan tu tires des deux compétitions que sont Berlin et Tokyo avant ces championnats du monde ?
A Berlin, j'ai eu beaucoup de frustration à évacuer. Ma défaite contre l'américaine Kokumaï (3-2) est restée une énigme pour moi mais aussi pour Ayoub Neghliz notre coach kata en équipe de France.
Cependant je me suis vite remis au travail pour préparer Tokyo et Madrid.
Hasard de la compétition, j'ai retrouvé Kokumaï sur ma route d'entrée à Tokyo et je perds encore (3-2). Nous avions changé de kata toutes les deux par rapport à Berlin et même si elle était mieux, je pense que je manque encore légèrement de notoriété pour faire pencher la balance en ma faveur.