Il a été formé par son père à Arles, a été en équipe de France, puis entraîneur en Thaïlande (2013-2015) et en Indonésie (2015-2017). Les résultants aidants, il est contacté par le Kazakhstan.

En deux ans, Tareq Abdesselem a contribué à en faire l’une des nations phare du Karaté mondial. A 32 ans, le Français est devenu l’un des entraîneurs en vue du circuit international. Qui mieux que lui pour nous présenter cette nouvelle place forte du karaté avant les 16e Championnats d’Asie à Tashkent, Ouzbékistan (19-21 juillet) ?

Par Ludovic Mauchien / Photos : DR


Le Kazakhstan, c’est un collectif. Jamais facile à manier, toujours difficile à dominer. C’est aussi des individualités, à commencer par Darkhan Assadilov (-60 kg), n°1 mondial, 3e des Championnats du monde 2018, 6 podiums dont 5 victoires d’affilée en 2019, mais aussi Sofya Berultseva (+68 kg), championne du monde Junior 2017, 5 podiums dont 1 victoire en 2019, ou Sabina Zakharova (-55 kg), 1ère à Montréal en juin…

Depuis 2016 et l’avènement olympique, le Kazakhstan, c’est aussi des moyens. Ceux qui ont permis de faire venir Tareq Abdesselem en 2017. 4 ans auparavant, à 26 ans, le Français partait à l’aventure et dans l’inconnu à Bangkok. Il se fait une jolie réputation en Asie grâce à ses passages en Thaïlande et en Indonésie. Il est contacté par le Kazakhstan. Il raconte…

« Le Kazakhstan est l’une des équipes les plus performantes d’Asie avec le Japon et l’Iran. Loin de moi imaginer qu’un jour, je puisse être à la tête d’une telle grosse équipe. Mais, avec le temps et la patience, j’ai pu montrer et développer mes capacités au sein du continent asiatique.

Mon aventure avec le Kazakhstan a débuté le 1er septembre 2017. Le projet est beaucoup plus grand et important que ce que j’ai connu jusqu’alors, avec des moyens financiers très stables et une logistique très développée. Il est très important de noter, qu’en Asie, le gouvernement, via le Comité Olympique, est le premier financeur des fédérations nationales.

Le Kazakhstan est au centre de l’Asie et voisine d’une des régions les plus dynamiques au monde en termes de sport de combat, le Caucase (Azerbaïdjan, Russie, Géorgie, Turquie, Arménie, Iran…), où l’on retrouve dans chacune des disciplines des stars, voire même des légendes des sports de combat tels Aghayev pour le Karaté (Azerbaïdjan), Golovkin pour la Boxe (Kazakhstan), Sadullayev pour la lutte (Daghestan, Russie), Nurmagomedov pour l’UFC (Daghestan, Russie) et bien d’autres encore…

Des sports de combat qui sont les uniques pourvoyeurs de médailles pour le Kazakhstan aux Jeux olympiques 2012 et 2016. Le Président de la Fédération kazakh de Karaté n’est autre qu’un karatéka, multimillionnaire, propriétaire de l’entreprise Tassay, qui contrôle la distribution de l’eau et de toutes les autres boissons dans le pays.

Le réservoir kazakh en Karaté est immense. Il reste à 90% financé par l’Etat. Dans chacune des villes majeures du pays, un centre d’entraînement de haut niveau a été établi, ce qui correspond à un Pôle Espoir ou un Pôle France.

Dans chacune de ces structures, on peut compter 100 Karatékas de haut niveau, allant des Cadets aux Seniors. On retrouve ce système dans tous les autres sports de combat du pays, mais également en Russie. Ce n’est autre qu’un ancien système du sport soviétique, mais qui est resté très ancré.

L’équipe nationale Senior se regroupe 10 à 12 fois dans l’année, deux à trois semaines avant chacune des échéances majeures (Championnats du monde, d’Asie, Premier League, Séries A) pour des stages intensifs, où seuls les meilleurs du pays sont sélectionnés. Nous comptons 3 centres olympiques où l’ensemble de nos stages se déroulent.

L’équipe du Kazakhstan compte 3 grands Sensei qui veillent au bon fonctionnement de l’équipe et à l’équité des choix de sélection. Ces trois Sensei n’interviennent pas dans les stages ou dans les tournois, ils sont présents seulement à chaque grande réunion sportive annuelle pour la mise en place des critères de sélection. Deux directeurs sportifs sont en place, avec une dizaine de coachs sous leur houlette.

Il est très important de noter, qu’au Kazakhstan, le Comité Olympique ne prend pas trop en compte les résultats des Championnats du monde. Les objectifs principaux sont les Jeux d’Asie du Sud-Est, les Jeux d’Asie et les Jeux Olympiques. C’est comme si la France ne se focalisait que sur les Jeux Méditerranéens, les Jeux Européens et les Jeux olympiques.

Après les championnats d’Asie en Ouzbékistan, l’équipe nationale sera en repos jusqu'au 25 août, puis nous commencerons la saison avec Tokyo, le Chili et Moscou.

Pour ma part, aucun repos n’est envisagé. J’ai été contacté par le Comité Olympique brésilien pour intervenir en tant que coach consultant pour l’équipe nationale dans leur préparation aux Jeux Panaméricains à Lima. Je serai donc à Rio De Janeiro du 22 juillet au 10 août. Ensuite, également contacté par l’Indonésie pour donner un stage, je serai à Bali du 11 au 25 août ».