Dimanche, il combattra pour la 3e fois dans le pit de Karate Combat face au Grec Gidakos. Mais avant, Davy Dona « the Hurricane », champion d’Europe en 2003, nous raconte son combat le plus marquant. C’était à l’Open de Paris 2016 face à Rafaël Aghayev. Ce jour-là, le Français est disqualifié pour avoir mis KO le quintuple champion du monde. Ce match sera son dernier dans les règles WKF et donnera naissance à Karate Combat. L’histoire est en marche.

Par Ludovic Mauchien / Photos : LM


« J’ai affronté Aghayev deux fois. Aux Championnats du monde à Bercy, en 2012, il m’avait mis une volée (7-0). C’était Bercy, il y avait 15 000 spectateurs dans les tribunes, beaucoup de pression… Je n’avais pas bien abordé ce combat. Je n’étais pas assez relâché. Je n’avais pas ma fougue du « Hurricane ». Je l’ai laissé travailler. J’étais plus spectateur du combat.

A l’open de Paris 2016, je m’étais bien préparé. J’avais travaillé différentes stratégies avec Lolita (sa femme, championne du monde 2012) qui me coachait. J’étais décomplexé. Je me suis lâché. Ma stratégie ? Je savais que j’étais plus rapide que lui, que j’avais plus d’allonge et qu’il ne fallait pas le laisser partir. Aghayev est très, très fort sur les démarrages. Il ne fallait pas répondre à ses feintes car il a de très bonnes feintes et il part au moment où l’on ne s’y attend pas.

Quand il arrive face à moi, je sens qu’il n’est pas serein. Dès les 1ers échanges, je le sens fébrile. Au 1er coup que je lui mets, il essaie de… Il se prend le poing, il se tient la tête, il a mal à l’oreille, son gant le gêne, il va se passer du froid… je sens qu’il sait qu’il n’y arrivera pas. Ce n’est pas son jour face à moi.

Je mène 2-0 puis arrive l’action. Je fais une absorption-remise, tous les drapeaux sont pour moi. Je le touche un peu mais… pas au point de faire tant de cinéma, je pense. Voilà, c’est Dieu et, au final, je suis disqualifié.

Je tape des pieds, je ne suis pas content, je me contiens pour ne pas péter un plomb. J’ai un caractère vraiment explosif. J’ai envie de tout envoyer valser. Je me dis que c’est injuste, c’est trop ! Ce n’était pas légitime. J’absorbe, je remise mais c’est lui qui se jette sur moi. C’est injuste. C’est ce qui m’a fait arrêter le karaté « traditionnel ». Cela m’a vraiment dégouté. Je me suis dit : « laisse tomber ». Franchement, ce jour-là, je lui aurais mis 8-0.

Durant ma carrière, j’ai souvent perdu à cause de contacts. C’était galère. Je ne savais plus s’il fallait toucher, effleurer, skin touch… Mais comment peut-on évaluer la touche ? C’est impossible. C’est abstrait, c’est au bon vouloir de.

L’arbitre central doit aller vérifier si l’athlète est touché mais il n’est pas médecin. Et si l’athlète simule… Si l’athlète est blanc, l’arbitre va voir qu’il est rouge, qu’il est marqué. S’il est noir comme moi, qu’est-ce qu’il voit ??? Il ne va rien voir !

Ce combat contre Aghayev a marqué l’histoire du Karaté. C’est suite à cette disqualification que Karate Combat a émergé. Les boss me l’ont dit. Les deux Américains fondateurs de Karate Combat, quand ils ont vu ce match, n’ont pas compris pourquoi j’avais été disqualifié alors que c’est mon adversaire qui était à terre. Ce sont des fans de Van Damme. Ils voulaient voir des Karatékas qui se battent entre eux, comme Van Damme dans Bloodsport. Ils voulaient voir des KO. C’est pour cela que je n’ai pas hésité une seconde quand le Karate Combat a été créé. Là, c’est des KO à mettre et on n’en parle plus ».

 

Le combat : https://www.youtube.com/watch?v=-ux61WtxHJc