Nous sommes en 2002, aux Championnats du monde à Madrid. La France est quadruple championne du monde en titre. Elle est aussi championne d’Europe après avoir dominé l’Espagne en finale. Devant une foule déchaînée, les deux nations se retrouvent en ¼ de finale. Pour le 1er combat, Ivan Leal Reglero affronte son idole et ami, Alex Biamonti. Le double champion du monde (2000 et 2002 en -75 kg) nous raconte…
Par Ludovic Mauchien / Photo : DR
« J’ai choisi mon combat contre Alex (Biamonti) dans ce France-Espagne de 2002 non parce que c’est mon meilleur combat techniquement mais parce que c’est le plus palpitant et le plus émouvant pour mon cœur. Pourquoi ? Pour trois raisons. La France dominait le Karaté mondial depuis de nombreuses années (championne du monde de 1994 à 2000). C’était la Dream team. Ensuite, ces Mondiaux se déroulait à Madrid et tout le public criait « España ! España ! ».
En plus, la même année, nous perdons en finale des Championnats d’Europe contre la France à la dernière seconde du match n°5. Il y avait un sentiment de revanche. Enfin, je combats et je bats « le n°1 », ma grande idole et super, super, super champion, mon ami Alex Biamonti. C’était un combattant très intelligent, très à l’aise avec les techniques de jambes. J’ai beaucoup de respect pour lui.
Quand je vois que je vais affronter Alex, je me dis « oh, là, là, mama mia ! Le plus dur de toute l’équipe ». Tout le public pense que je vais gagner parce que tout le monde est espagnol, mais je sais que le combat va être super difficile.
Je commence le combat avec beaucoup de respect pour Alex. Je crois qu’il était dans le même état d’esprit. Aucun des deux n’attaque. Puis je fais une petite attaque. Il me contre (gyaku, 0-1). Il se méfie. Je mets beaucoup de pression. J’attaque, j’attaque. Je marque une fois puis une 2e fois en techniques de poing (2-1).
Arrive le moment le plus important du combat. Je fais une technique de Tsuki puis, avec ma jambe gauche -toujours ma jambe gauche- je fais Mawashi jodan avec un gros Kiai pour créer la confusion dans la tête des arbitres. La réalité est que je ne crois pas que mon Mawashi touche la tête d’Alex. Mais l’arbitre principal me donne 3 points (5-1). Alex se précipite ensuite vers moi. Je le contre pour marquer un dernier point.
Je gagne 6-1 mais, pendant presque tout le combat, j’ai peur, je suis sur mes gardes car c’est Alex en face. Même à 5-1, je sais que c’est très difficile de gagner. Au final, l’émotion est énorme. Je suis trop heureux d’avoir battu mon idole, un grand champion. Et, surtout, nous battons la France 3-2 et nous devenons ensuite champions du monde avec Oscar Vasquez, David Santana, Pat Martinez… C’était beaucoup, beaucoup d’émotions ».
Le combat : https://www.youtube.com/watch?v=1d0u0gFHPoQ