Unique Français qualifié pour les JO de Tokyo à l’heure actuelle, le champion du monde Steven Da Costa fait déjà partie des stars du circuit mondial à seulement 23 ans. Dans ce nouvel épisode de « my best fight », il revient pour vous sur sa victoire en finale des Championnats du monde 2018 à Madrid à l’issue d’un combat virevoltant face au Brésilien Vinicius Figueira...
Par Florian Fournier / Photos : KPhotos
Affrontement classique du ballon rond, France-Brésil est aussi devenu en novembre 2018 une affiche somptueuse du karaté mondial. Ce combat est l’oeuvre de Steven Da Costa et de Vinicius Figueira (-67 kg) et a permis au Français d’être sacré champion du monde et meilleur combattant de la compétition.
« Mon meilleur combat ? J’ai envie de parler de ma finale des Championnats du monde de Madrid en 2018. Je suis encore jeune mais, pour le moment, c’est le combat qui compte le plus dans ma carrière. Etrangement, c’est un combat où j’ai pris beaucoup de points (victoire 6-5) mais le scénario, les sensations et l’émotion ressenties ce jour-là le place en tête de mes combats favoris.
Vinicius marque en premier. Pour lui, c’est l’entame parfaite. Mener 3-0 en finale de championnat du monde est un avantage considérable. Cependant, je ne me suis pas démobilisé. J’étais sûr de ma force, de mon potentiel. Je reviens à égalité grâce à un balayage. Le combat relancé, il reprend l’avantage puis je repasse à nouveau devant. Il ne reviendra pas. Ce chassé-croisé dans une finale mondiale est quelque chose à vivre. Quand on est sportif, ressentir toutes ces émotions en si peu de temps, c’est formidable, surtout quand la victoire est au bout.
Dans ce combat, comme à mon habitude, je n’ai rien lâché. J’étais venu à Madrid uniquement dans l’optique de la victoire. Je n’avais aucun stress. Je me suis préparé avant le combat comme pour un combat normal. Je suis arrivé tranquillement au stade, je me suis un peu posé en tribune avec ma famille et mon entourage, puis je suis parti m’échauffer 10 minutes avant le combat. C’était parti ! Je pense qu’Olivier Beaudry (son coach) était plus stressé que moi.
Vinicius est quelqu’un de très offensif et qui aime les combats où ça envoie. Je n’avais pas de stratégie ou de game plan particulier contre lui. Tout s’est fait au feeling. Je savais seulement qu’il allait me donner l’opportunité de marquer des points et qu’il ne tenait qu’à moi de saisir ces chances pour remporter le titre. Il fallait aussi que je reste solide en défense.
Malheureusement, ça ne démarre pas comme prévu avec ce 3-0 où je me dis « Waouh, ça va être dur » mais je n’ai pas douté et j’ai réalisé un combat solide. Mentalement, c’était une épreuve pour nous deux.
Le tournant s’est produit à l’instant où je lui rentre un Ura mawashi geri jodan pour reprendre l’avantage. Une fois devant, j’ai verrouillé le combat pour pas lui laisser d’espoir. Après-coup, j’ai réalisé que je ne suis pas allé chercher les points sur certaines de ses erreurs dans le seul but de verrouiller le combat.
Aujourd’hui, je reste marqué par ce combat mais ce n’est pas pour autant que j’y pense tous les jours. Pour moi, tous les combats et toutes les compétitions sont différentes. Ma forme du jour n’est jamais celle du lendemain. Sur ce combat, mon Karaté était instinctif, j’ai envoyé ce que je savais faire de mieux et j’ai eu la réussite. Si on refait le même combat le lendemain ou même 2 h après, il se peut que mes techniques ne rentrent pas. Alors aujourd’hui je suis fier de ma performance, mais ce n’est pas ma philosophie que de me pencher dessus pour travailler l’avenir.
Par contre, c’est une situation que j’avais imaginé la veille. Dans mon inconscient, une jambe me sauvait et me permettait de remporter le titre. C’est un peu ce qui s’est passé. L’imagerie mentale a peut-être fonctionné sur ce coup. Pour détrôner ce combat, je ne vois qu’une solution : une victoire aux JO ! ».