Nouvelle rubrique ! « Mon meilleur combat ! ». Toutes les semaines, un champion va nous raconter son ou ses combats préférés. Débutons en beauté ce nouveau rendez-vous avec l’un des karatékas le plus spectaculaires du circuit, Stanislav Horuna, vainqueur des Jeux Mondiaux 2019 et des Jeux Européens 2017. Le champion ukrainien en a choisi trois, dont sa finale des Jeux Européens face à Aghayev en 2019…
Par Florian Fournier
Photo : Kphotos
« Il y a 3 combats que je considère comme les plus importants de ma carrière. Toutes les difficultés que j’ai rencontrées avant et les erreurs que j'ai commises pendant ont rendu ces victoires très spéciales. Le premier est le match pour le bronze aux Championnats du monde 2014 contre l'Egyptien Abdelrahman (score 9-6). Le deuxième est la finale des Jeux mondiaux de 2017 contre l'Iranien Asiabari (score 4-2). Et le troisième est la finale des Jeux Européens de 2019 contre Rafaël Aghayev (score 4-0).
Avant un combat, je pense toujours à des idées spécifiques, comment attaquer et se défendre contre l'adversaire à venir. Je dois faire un game plan car, pendant le combat, on n'a pas le temps de penser, il faut agir et réagir ! Plus c'est facile, mieux c'est.
Je fais aussi un échauffement corporel pour me sentir mieux pendant le combat. J'essaie de vider mon esprit et de me concentrer sur ce que je dois faire. C'est une sorte de méditation. Quand mon esprit est clair, je ne ressens rien, pas de stress, pas de peur, pas d'excitation ou de bonheur. C’est comme une condition méditative et j’aime quand j’y parviens.
Passons à mon match pour la médaille de bronze mondiale. Quand la compétition a commencé, j'étais un peu nerveux et mon premier combat a été très dur, mais les suivants ont été rapides et faciles. J'ai « perdu » en 1/4 contre le Japonais. En fait, j’ai d'abord gagné mais le coach japonais a contesté et les juges ont décidé de nous faire revenir sur le tatami pour 20-30 secondes, sans me donner les points pour ma dernière attaque. Ce fut un gros choc pour moi. La salle entière sifflait les juges. J'ai dû gagner un combat en repêchage pour combattre pour le bronze. C'était le lendemain.
Ce jour-là, j’avais la victoire en moi. Je savais exactement ce que je devais faire. J'étais si bien préparé que j'avais beaucoup d'énergie. A l’échauffement, 4 minutes avant le match, j'ai fait une séance intense de 1 :30 minute et j'étais encore frais pour réaliser un combat intense.
Hajime !... Je ne pensais pas, j’agissais et réagissais instinctivement. J'ai attaqué 2 fois pour marquer ippon (balayage et Ura Mawashi, 6-1). Je voulais finir vite (avec une différence de 8-0) mais mon adversaire l'a compris, a travaillé plus agressivement et j'ai perdu quelques situations : 6-4. J'ai réalisé que je devais changer ma tactique et travailler plus avec les poings. Le score est monté à 9-4. Il ne restait pas beaucoup de temps et, par erreur, je me suis relâché et, dans les dernières secondes, j'ai posé mes mains et j'ai raté un coup de pied 🤦♂️. Cela n'a eu aucun effet sur le combat mais c'était une très bonne leçon : jamais se relâcher avant la dernière seconde. Je ne peux pas dire que je n'ai plus jamais répété cette erreur 😅 mais, parfois, je m'en souviens.
Aussi longtemps que je continuerai à combattre, je me dépasserai ! Je suis motivé pour de nouvelles victoires et je veux qu’elles soient nettes, pas discutables ! J’aimerais que les gens se souviennent de moi comme un bon combattant et de mes combats comme des matches sympa ».