Jesse Enkamp, c’est « Karaté Nerd », le bloggeur de Karaté le plus populaire au monde. C’est aussi le fondateur de la marque « Seishin International ». C’est avant un passionné de Karaté, de tous les Karatés. Etudiant, il part vivre à Okinawa où il pratique avec et sans arme, développe les techniques de sol, les clés et les étranglements.
En parallèle, il s’aligne en Karaté sportif plus précisément en kata. Suédois de naissance, à 29 ans, il va combattre sous les couleurs finlandaises, le pays de ses parents, aux Championnats du monde à Madrid (6-11 novembre), ses 2e après Paris en 2012.
Pour lui, le Karaté est « fascinant ». Il le voit comme « un voyage infini » dont il faut « profitez de tout », et surtout, être « Shoshin », ou comment prendre la vie par le bon bout…
Par Florian Fournier
Photos : DR
Né et élevé dans le dojo familial en Suède, Jesse Enkamp est entouré des arts martiaux depuis qu'il sait marcher. Ses parents, professeurs de Karaté, invitaient régulièrement d'autres professeurs d'arts martiaux à enseigner dans leur académie. Cette vision périphérique des arts martiaux a éveillé très jeune sa curiosité et son respect pour toutes ces disciplines.
Malgré tout, c'est vers le Karaté qu'il s'est tourné pour en faire son mode de vie. Etudiant, il déménagea à Okinawa pour faire des recherches sur les racines de cet art fascinant. « J'ai appris beaucoup de choses en vivant au Japon. Depuis, je suis retourné plus d'une douzaine de fois à Okinawa pour en apprendre davantage ». Il a d'ailleurs consacré plusieurs épisodes à ses voyages sur sa chaîne Youtube « Karate Nerd in Okinawa » (le Geek du Karaté).
C'est à son retour du Japon en 2011 qu'il intègre l'équipe nationale finlandaise. Champion national, il continue sa belle aventure en terminant 5e des Championnats d'Europe en Suisse. Ensuite, il voyage pendant plusieurs années pour améliorer ses compétences, apprendre de différents maîtres et enseigner lors de séminaires internationaux. A cette même période, il décide de lancer son blog qui est, aujourd'hui, le blog de Karaté le plus populaire au monde. Pour celui qui rêvait de faire du Karaté son mode de vie, c'est chose faite !
Tu es né en Suède mais tu représentes la Finlande en compétition. Pourquoi ?
Mes parents sont des immigrés finlandais. D'un point de vue génétique, je suis finlandais à 94%. J'ai fait un test ADN ! Il y a quelques années, j'ai donc décidé de concourir pour la Finlande. J'avais atteint le plus haut niveau en Suède et il n'y avait plus de défi. Après avoir gagné le championnat national finlandais, j'ai été invité dans leur équipe nationale. Maintenant, je représente le pays de ma famille. C'est une chose extraordinaire.
Tu as disputé les Championnats du monde à Paris en 2012. Quels souvenirs en gardes-tu ?
J'avais 23 ans lors de mon 1er championnat du monde. Physiquement, j'étais en bonne forme, mais je n'avais pas l'expérience et la maturité requises pour une performance de haut niveau dans un événement aussi spectaculaire. Je me souviens encore du bruit des 15 000 personnes acclamer les finales. C'était un moment sensationnel à regarder. Cette fois, je suis mieux préparé pour être en finale, pas seulement pour les regarder.
« JE ME CONCENTRE SUR CE QUE JE PEUX CONTROLER, L’ENTRAINEMENT »
Qu’espères-tu aux Championnats du monde ? Gagner ? Passer le plus grand nombre de tours pour la qualification olympique ?
Je suis un homme qui a peu d'attentes. Je préfère être reconnaissant de tout ce que je peux accomplir, au lieu de m'attendre à accomplir quelque chose en particulier. Je me concentre sur ce que je peux contrôler, l'entraînement et la préparation. Le résultat dépend de « l’Univers ». Mais peu importe le résultat, je suis reconnaissant de l'opportunité que j'ai de vivre ces expériences.
Auteur, professeur, athlète, tu vis le Karaté sous différents angles. Quel est ton regard sur la discipline aujourd'hui ?
Je vois le Karaté sous tous ses angles. C'est ce qui le rend si fascinant pour moi. Le Karaté n'est pas seulement un sport pour moi. C'est beaucoup plus que cela. Un passe-temps exotique, une philosophie pratique, une façon de rester en forme, un sport olympique, un commerce amusant, et bien plus encore... C'est pourquoi je n'ai jamais perdu la motivation pour le Karaté. Au final, je n'ai aucune limite. C'est comme ça que tu fais du Karaté ton mode de vie. C'est un voyage infini.
Tu es également entrepreneur, tu as développé ta marque (Seishin international), parlez-nous d'elle ?
Seishin International (www.seishin-international.com) est la marque de Karaté lifestyle qui connaît la plus forte croissance au monde. Je l'ai commencé il y a plusieurs années, dans le but de créer des produits pour les gens qui veulent exprimer leur amour pour le karaté. Tout a commencé avec un Karaté-gi, connu sous le nom de Seishin Gi. Il y a actuellement 500 critiques 5 étoiles sur la boutique en ligne, mais il y a beaucoup plus de produits, y compris des ceintures, sacs, tee-shirts, bracelets, etc. Seishin est utilisé par les grands maîtres au Japon, les champions du monde et les pratiquants passionnés de Karaté dans plus de 70 pays. C'est une vraie fierté pour moi.
« APPRENDRE DE LA MENTALITE JAPONAISE, SOSHIN. IL Y A TANT DE CHOSES A DECOUVRIR »
Tu as vécu à Okinawa. Sur Instagram, on te voit participer à une compétition « traditionnelle » de kata avec Bo. Souhaites-tu t'impliquer de plus en plus dans cette forme de pratique ?
J'ai toujours été impliqué dans cette forme de Karaté. Pour moi, le Karaté traditionnel et le Karaté sportif ne sont pas impossibles à mélanger. En tant que « Karate Nerd », je pratique tout depuis mon enfance : armes, autodéfense, kata, kihon, kumite, techniques au sol, points de pression, clés, étranglements... Je dis toujours à mes élèves : « Ne laissez pas votre style limiter votre Karaté. La vie est trop courte pour ignorer l'incroyable diversité du Karaté. Profitez de tout ! ».
Que penses-tu du Karaté aux JO ?
Les Jeux olympiques sont une machine marketing massive composée de politique, d'argent et de pouvoir. Ce n'est pas une surprise. Pour cette raison, plusieurs traditionnalistes croient que c'est mal que le Karaté soit devenu un sport olympique. Mais je crois que c'est génial. Parce que, comme le dit l'adage : « Tout marketing est un bon marketing ».
Les Jeux olympiques pourraient empêcher le Karaté de s'éteindre, comparativement à des choses comme le MMA et l'UFC. De plus, les meilleurs athlètes de Karaté au monde méritent de participer aux Jeux olympiques, tout comme les athlètes des autres sports. Cependant, ce n'est qu'une petite partie du Karaté pour moi.
Quel message souhaites-tu transmettre aux pratiquants ?
J'aimerais que les gens puissent apprendre de la mentalité japonaise de « Shoshin », l'esprit du débutant. Il y a tant de choses à découvrir en Karaté si vous ouvrez votre esprit à cette possibilité. L'esprit est comme un parachute, il fonctionne mieux quand il est ouvert. Lisez des livres, participez à des stages, communiquez entre Karatékas, allez vers les Senseï et vous verrez que votre capacité de croissance en tant qu'être humain est infinie. Utiliser le Karaté comme outil de développement personnel. Le ciel n'est pas votre limite, c’est votre état d'esprit qui l’est.