En janvier, il a marqué les esprits avec sa finale à l’Open de Paris et son Mawashi en pleine tête du champion du monde en titre, l’Iranien Sajad Ganjzadeh (+84 kg). En février, il a remporté la médaille d’argent des Championnats d’Europe U21. En mars, Mehdi Filali, 18 ans, débarque à Rotterdam (16-18 mars), où il va disputer sa cinquième compétition Senior. Pour un nouveau podium ?

Par Ludovic Mauchien

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Mehdi Filali, c’est un peu le Docteur Jekill et Mister Hyde de l’équipe de France. Hors tatami, le môme est calme, posé, limite timide. Sur le tatami, c’est une autre histoire. Demandez au champion du monde en titre, Sajad Ganjzadeh. Comme à l’accoutumée, l’Iranien a voulu jouer. Un Mawashi en pleine tête, non comptabilisé car trop appuyé, l’a ramené à la réalité. Le message est passé. Mehdi Filali n’est pas impressionné. Le Marseillais va perdre cette finale mais y gagner un nom sur le circuit.

« C’était mon premier Open de Paris. Je l’ai pris à la cool parce que je suis jeune. Je suis un inconnu parmi les têtes de série. Je voulais me faire plaisir et ça a marché », déclarait-il à l’issue de sa finale.

C’était en janvier. Il disputait seulement son quatrième tournoi Senior. Lors du premier, en septembre dernier, il s’est déjà fait remarquer. Dominé au drapeau (2-2) en quart de finale par le Géorgien Arkania, champion du monde 2014 des -84 kg, il effectue deux beaux combats en repêchages pour s’octroyer sa première médaille internationale chez les « grands », sa deuxième après son titre de champion d’Europe Juniors en février 2017 (+76 kg).

« JE PENSE AVOIR FAIT UNE BONNE SAISON »

Initié au Full Karaté Academy par la famille Biamonti, formé à l’Impact Karaté Club par Philippe Didelet, Mehdi Filali a intégré le Pôle olympique au CREPS de Châtenay-Malabry en septembre dernier. 47e mondial à l’orée de cette année 2018, sa performance à l’Open de Paris, où il a notamment dominé l’Allemand Jonathan Horne, multiple champion d’Europe, et sa médaille d’argent récolté aux Championnats d’Europe U21 (+84 kg) début février à Sochi, lui ont permis de franchir les échelons à vitesse grand V.

A l’heure de disputer le Premier League de Rotterdam ce week-end (16-18 mars), Mehdi Filali est le 14e poids lourd mondial. Et alors ? Cela ne l’émeut guère et il reste les pieds sur terre. « Après ma bonne prestation à l’Open de Paris, j’espère continuer sur cette lancée et faire un résultat à Rotterdam. Mon parcours à Paris ne veut rien dire. Plein de combattants ont déjà fait des finales européennes et mondiales. Il y a de très bons compétiteurs dans cette catégorie. Je ne pense donc pas être attendu plus que cela. Mon ambition est de procéder par étape pour m’affirmer et être, un jour, l’un des piliers des +84 kg. Je vise bien évidemment les JO. Comme je suis jeune, cela peut aussi être 2024 ».

2020, il aimerait bien aussi… Les choses sérieuses n’ont pas encore réellement commencé puisque les trois coups sonneront en juillet (donc en septembre), mais la bataille promet de faire rage chez les lourds français dans les dix-huit mois qui viennent. Son principal concurrent ? Salim Bendiab, 3e des Championnats d’Europe 2016, qui le devance au ranking mondial (12e). Mais Kenny Guillem (47e), Lonni Boulesnane (54e), Ilyes Klouz (55e) et Dnylson Jacquet sont en embuscade et sont loin d’avoir dit leur dernier mot.

« Je ne sais pas si je suis devant ou derrière mes concurrents », sourit Mehdi Filali. « Ce sont de très bons athlètes. Je pense avoir fait une bonne saison. Mais je ne suis pas du genre à dire que je suis le plus fort ». A le démontrer, plus certainement.