Ils sont professeurs de clubs, coachs d’équipes nationales, professionnels ou bénévoles. Ils sont le poumon du karaté, le cœur battant de la pratique. Nous leur donnons la parole dans une série d’interviews. Comment voient-ils et vivent-ils la décision de ne pas autoriser le Karaté aux JO 2024 ? Quelles conséquences ? Comment s’organiser ?... 5e épisode, Cherif Tadjer, professeur de l’ACSC karaté Cormeilles (170 licenciés) et de Sabrina Ouihaddadène et Gwendoline Philippe.
Par Florian Fournier
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« Ma réaction a été un peu identique à celle de notre DTN, ou des entraîneurs nationaux, c'est-à-dire un véritable électrochoc. Alors que nous pensions avoir fait le plus dur en entrant aux JO de Tokyo en 2020, voilà qu'on nous referme la porte au nez en 2024 avec, par la suite, très peu d'espoir d'y retourner un jour.
Par rapport aux athlètes, sur le fond, je ne changerai pas d'un iota la philosophie qui est la nôtre à Cormeilles et qui consiste à viser l'excellence sportive pour ceux qui le souhaitent, dans un cadre très familial, tout en prenant beaucoup de plaisir.
Sur la forme en revanche, beaucoup de choses risquent effectivement de changer en termes de planification et de charge d'entraînement... Quid des Séries A et des K1 qui servaient à alimenter le ranking WKF ? L'ensemble des athlètes ayant intégré le pôle olympique ou même le Creps, sont tous inscrits dans un double projet sportif/professionnel et cela ne changera pas.
Mais, très honnêtement, j'ai toujours du mal à réaliser et à digérer cette décision du COJO. Comment expliquer aux plus jeunes athlètes l'inexplicable ? Personne ne trouve le moindre argument à avancer pour justifier le choix du surf ou du breakdance en place et lieu de l'art martial le plus pratiqué dans le monde ! M. Estanguet se targue de vouloir des Jeux « jeunes », « urbains » et « spectaculaires ». Jusqu'ici, nous pouvons comprendre et le karaté répond pleinement à ces 3 critères, mais quand on nous dit que le surf et le breakdance semblent plus appropriés, je dis que l'on se moque de nous ou que M. Estanguet n'est jamais sorti de son appartement du 16e arrondissement pour voir ce qui passionne nos jeunes en périphérie. Maintenant, la balle est dans notre camp et nous ne pouvons pas rester les bras croisés. J'espère que la fédération mettra rapidement un plan d'action pour dire stop, et nous les clubs seront à ses côtés si besoin ! ».