« C’est comme si on repartait de zéro », lâche la Grecque Eleni Chatziliadou, championne du monde en +68 kg. « Cela nous a tous changés et nous a durement touchés », affirme l’Egyptien Ali Elsawy, le multiple champion d’Afrique.
Mais les deux champions se préparent toujours pour vivre pleinement leur rêve olympique. Leur état d’esprit, leur regard sur l’avenir, la façon dont ils ont changé depuis le début de la pandémie de Covid-19. Ils nous racontent ce qu’ils ressentent alors qu’ils auraient dû être à Dubaï pour les 25e Championnats du monde.
Par Ludovic Mauchien / Photos : Kphotos
LEUR ETAT D’ESPRIT ?
Eleni Chatziliadou : « C’est comme si on repartait de zéro »
« Mon état d’esprit ? C’est difficile à dire. Je pense que quelqu’un joue avec nos esprits. J’essaie juste de rester forte et positive. Lors de la 1ère vague du Corona, j’ai eu des moments plus difficiles car, chaque jour, j’avais peur que le processus de qualification s’arrête. Tout ce à quoi je pensais était que tous les sacrifices que j’avais fait et l’argent que j’avais dépensé ces 2 dernières années, j’avais fait ça pour rien. Puis ils ont annoncé que les qualifications allaient continuer et que je pourrais me battre pour ma qualification via le ranking. J’ai commencé à me sentir mieux. Maintenant, nous avons la 2e vague de Corona et, encore une fois, nous ne sommes sûrs de rien.
C’est difficile de me motiver quand je ne connais pas les dates des compétitions et ce qui se passera si cette situation persiste. Après 9 mois, c’est comme si on repartait de zéro alors que, dans quelques mois, il y aura les Jeux Olympiques ».
Ali Elsawy : « Beaucoup de fédérations organisent des compétitions… »
« 9 mois, c’est trop ! Je n’ai jamais imaginé que nous n’aurions pas de compétitions pendant 9 mois. L’année dernière, nous avions besoin de nous reposer car nous avions deux compétitions par mois. Je sais que tout cela arrive à cause de Covid-19 mais j’espère que la WKF trouvera des solutions à ce problème. De nombreuses fédérations sportives organisent des compétitions ».
Leur façon de voir la vie a-t-elle changé ?
Eleni Chatziliadou : « Ohh oui !!! Comme le dit Platon… »
« Ohh oui !!! Après toutes ces choses, je vois la vie d’une manière différente. Depuis toujours, mes objectifs en karaté étaient toute ma vie. Je me sentais vide sans eux. Désormais, je me rends compte que je dois trouver la paix dans ma vie sans eux car lorsque j’arrêterai ma carrière de compétitrice, il sera alors difficile de trouver l’équilibre dans ma vie. Comme le dit Platon : « ce qui vaut la peine, ce n’est pas de vivre pour obtenir plus mais de vivre heureux ».
Ali Elsawy : « Cette épidémie nous a tous changés »
« Convenons que cette épidémie nous a tous changés et nous a durement touchés dans toutes nos vies. Personnellement, cela aurait pu me tuer ou me blesser. Mais je suis une personne positive et j’essaie de voir ce qui l’est dans cette crise. Et je souhaite que nous en sortions tous ».
LEUR AVENIR ?
Eleni Chatziliadou : « Pourquoi pas un deuxième titre mondial ? »
« Tout d’abord, je vais essayer de me qualifier pour les Jeux Olympiques et pourquoi pas gagner un deuxième titre mondial ? Je le dois à moi-même et à ma famille. Quand j’arrêterai la compétition, je veux me créer de nouveaux objectifs pour mon avenir, profiter de ma vie « normale », avoir une belle carrière professionnelle, construire ma nouvelle maison, me marier avec mon petit ami et fonder une famille. Toutes ces choses que font les gens normaux !!! ».
Ali Elsawy : « Je ne pense qu’aux JO »
« Pour le moment, je ne pense qu’aux JO. C’est mon avenir. J’ai mis mes études entre parenthèses pour me concentrer sur mon rêve olympique. L’absence de compétitions me permet de réussir ce semestre universitaire car le Karaté me prenait tout mon temps ».
Voir aussi :
https://www.karate-k.com/fr/sport/actus/745-comment-vont-ils-da-costa-presque-comme-avant-recchia-dans-le-monde-d-apres.html
