Une quarantaine de podium nationaux l'an dernier toutes catégories confondues, 20 ans d'existence, labellisé club de haut niveau depuis deux ans, l'ACS Cormeilles-en-Parisis Karaté (95) est un club ascendant où le vivre ensemble reste le maître mot.
Cormeilles, c’est le Dojo de Cherif Tadjer, le club de Sabrina Ouihaddadène, Louloa Valsan, Adam Jacqueray ou encore Omar Bouyan et, depuis cet été, de Gwendoline Philippe, double championne du monde Junior et U21.

Par Florian Fournier / Photos : D.R


 

Club « traditionnel » à ses prémices, l'ACS Cormeilles s'est tournée vers le Kumite sportif avec l'arrivée de Cherif Tadjer il y a 10 ans. Une date qu'il n'oublie pas. « Mon arrivée au club correspond à l'année de naissance de mon fils, aujourd'hui double champion de France pupille ».
Cet ancien Karatéka de haut niveau, passé par l'INSEP avec notamment Olivier Beaudry et Yann Baillon, les entraîneurs nationaux, a voulu dans un premier temps développer la formation au sein du club. « L'idée était de monter un petit groupe Kumite et faire éclore des Karatékas au niveau régional ». Dans ce groupe, il y avait Adam Jacqueray, le champion de France 2017 des -60 kg, toujours au club aujourd'hui. Une fierté pour l'ACS Cormeilles : « Il est le premier champion de France Senior formé au club et le premier du club à avoir intégré le pôle France à Chatenay-Malabry », se réjouit son entraîneur.
Si la formation est toujours mise en avant par le club, une nouvelle ère s’est ouverte depuis peu, celle du haut niveau, avec l’ambition de placer le club au sommet chez les filles.

« JE N’IRAIS JAMAIS CHERCHER L’ELEVE D’UN AUTRE PROF »

Un chemin qui s’est ouvert naturellement dans ce club à l’ambiance familiale, où une certaine philosophie et un savoir-faire certain se complètent, où loisir et haut niveau se côtoient sans se dissocier. « Je n'irais jamais chercher l'élève d'un autre professeur. Si un élève veut venir s'entraîner à Cormeilles, les portes sont grandes ouvertes, il est le bienvenu. Mais démarcher un Karatéka, ce n'est pas ma façon de faire et ma philosophie de vie », précise Cherif Tadjer, deux fois vainqueur de l'Open d'Autriche, de l'open Angleterre et plusieurs fois champion de France.

Une approche qui a justement plu à Gwendoline Philippe, arrivée cet été. « Le côté familial et loisir, mélangé à la réussite sportive, m'ont motivée. Sans plaisir, il n'y a pas de progression et de réussite. Et le fait d'avoir des copines m'a aussi motivée à venir. Je pense que Cherif peut m'apporter beaucoup. Toute personne nous apporte quelque chose mais, en venant ici, j'attends de Cherif qu'il me transmettre et me fasse grandir surtout sur le côté humain. Techniquement et tactiquement aussi bien sûr, car je suis en constant apprentissage. Mais, sur le plan humain, j'espère franchir un cap avec lui », ambitionne la Karatéka formée au Samouraï 2000, venue dans la Région parisienne à la suite de son intégration au Pôle olympique.

A Cormeilles, elle est associée à sa partenaire de l’équipe de France, Sabrina Ouihaddadène, elle aussi sélectionnée pour les Mondiaux à Madrid, finaliste de l'Open de Paris et championne de France 2018 (-55 kg), mais aussi Louloa Valsan, 3e aux championnats du monde U21 en 2017 (-55kg), Omar Bouyan, double champion de France Espoir, 3e en Senior en 2018 (-84 kg), Aurore Pillant, championne de France Espoir 2017 (+68 kg), Maeva Charles-Donatien, vice-championne de France 2017 (+68 kg), Ophélie Chavarot vice-championne de France, Kenza Sahri vice- championne de France et Rachid Belaidi champion de France espoirs... 

De Pupilles à Senior, le club compte environ une trentaine de Karatékas de niveau national, voire international pour certains : Dans les catégories d’âge inférieures, l’ACSC apparaît très souvent sur les podiums nationaux.

« Faire de Cormeilles le 1er club de France »

L’avenir pourrait s'annoncer radieux du côté de Cormeilles. C’est l’ambition, relayée par Sabrina Ouihaddadène : « Je souhaite que Cormeilles devienne le 1er club de France. On a des gens qui visent l'élite mondiale, certains le niveau national et d’autres viennent seulement pour le plaisir de pratiquer une activité sportive. Associer tous ces profils et devenir le 1er club de France serait magnifique ».

Cherif Tadjer, lui, se montre plus réservé. S’il ne veut pas parler d'objectif ou d'ambition, il reste un manager d'exception. « C'est au compétiteur de se fixer des objectifs. Moi, je dois juste faire en sorte qu'il les atteigne. Ma priorité est que le groupe vive bien. Et on l'a vu encore cet été avec les Bleus, un groupe qui vit bien, c'est un groupe qui gagne. Gwendoline Philippe et Sabrina Ouihaddadène ont permis de franchir un palier. Pour les jeunes, pour tous les karatékas du club, compétiteurs ou non, c'est un énorme plus d'avoir des talents du niveau de Sabrina et Gwendoline ».

« Faire une équipe garçon n'est pas la priorité »

Vice-championnes de France Senior 2018 par équipe, les filles visent évidemment l’or en 2019, comme en témoigne la leader, Sabrina Ouihaddadène : « L'équipe, ça va être le Graal. On a un titre à aller chercher. 2e, c'était une belle place mais on veut aller plus loin. Avec l'arrivée de Gwendoline, notre équipe s’est renforcée ».

Côté masculin, Cherif Tadjer ne veut pas brûler les étapes : « Faire une équipe garçon n'est pas la priorité. Je laisse les choses se faire naturellement. C'est mon mot d'ordre. Une équipe garçon va pouvoir se dessiner. J'ai des idées en tête, mais je ne vais pas l'imposer. Faire absolument une équipe garçon sous prétexte qu'on a une équipe fille forte, n'a aucun sens pour moi ».

Pour celui qui veut finir sa carrière d'entraîneur à Cormeilles, l'ouverture du club vers le Kata n'est pas à exclure. « S'ouvrir vers le Kata est un projet qui pourrait intéresser le club. Etre un club performant et complet demande énormément de temps et je ne peux pas me démultiplier. Par contre, si un professeur expérimenté souhaite développer le kata sportif au club, cela peut être un projet intéressant. C'est important d'avoir une vision globale du karaté ».