N°1 mondial devant son pote Rafaël Aghayev, Stanislav Horuna, 29 ans, est l’un des piliers du « Fabulous Five » des -75 kg. 3e des Mondiaux 2014, vainqueur des Jeux Mondiaux 2017, l’Ukrainien a remporté sa 3e médaille européenne en mai dernier (2e en 2014 et 2017, 3e en 2018) puis sa 7e victoire en K1 à Istanbul en juin. ½ finaliste à Tokyo, il monte en puissance à l’approche des Championnats du monde de Madrid (6-11 novembre)…

Par Ludovic Mauchien / Photos : KPhotos


 

Il le sait. Il part avec un handicap. Son quotidien en Ukraine, partagé entre son métier d’avocat et les aléas du moment, ne lui permettent pas d’avoir un entraînement équivalent à ses adversaires directs. Aghayev, Busa, Nishimura sont uniquement concentrés sur le Karaté. Stanislav Horuna fait avec, et même plutôt bien.

3e à Paris et à Dubaï, vainqueur à Guadalajara et à Istanbul, 3e des Championnats d’Europe, il réalise sa plus belle année depuis 2014, quand il avait été vice-champion d’Europe et… 3e des Mondiaux.

A Tokyo, pour le dernier tournoi avant les Championnats du monde à Madrid (6-11 novembre), l’Ukrainien s’est hissé en ½ finale avant de se blesser. Cela ne l’a pas empêché de combattre mais cela l’a privé d’un 17e podium en Karate 1 (7 succès). Tombé face au Japonais Mori (2-0) puis au Hongrois Harspataki en repêchages (4-3), Stanislav Horuna s’est depuis relevé.

La saison a été longue et fatigante. Comment te sens-tu à l’approche des Mondiaux ?

Je vais très bien ! La pression est la même pour tout le monde. Et j’adore ce que je fais, le Karaté !

Es-tu satisfait de ta préparation ? Comment était-elle planifiée ?

Pas réellement. À Tokyo, je me suis blessé et ma préparation a été un peu interrompue. Comme toujours, je ne m'entraîne pas assez pour le résultat que je souhaite atteindre.

Quel est ton programme la semaine précédant les Championnats du monde ?

Nous avons un dernier camp d'entraînement avec l'équipe nationale puis nous partons tous ensemble à Madrid.

Quel est le plus important pour toi aux Mondiaux : obtenir des points pour les Jeux olympiques ou être champion du monde ?

Être champion du monde est beaucoup plus important pour moi (même sans les points de la qualification olympique).

Quel est ton souhait le plus cher : être champion du monde ou champion olympique ?

Champion olympique. C'est plus symbolique et historique !

Tu as donné un stage avec la WKF cet été. Comment était-ce ? Aimes-tu enseigner ?

J'ai apprécié le temps passé à Umag (Croatie). C’était sympa de voir et parler avec de nombreux amis… J'aime aussi partager mon expérience avec les jeunes. Mais l’entraînement professionnel n’est pas pour moi, je n’ai pas beaucoup de patience (il rit).

Qu'as-tu appris de tes championnats d'Europe ?

… Hummm… Qu’aurais-je dû apprendre ? J’ai acquis un peu plus d'expérience.

Comment vois-tu et analyses-tu tes performances aux derniers Premier League ?

J’ai terminé ma saison précédente trop tardivement… Je n’ai pas eu le temps de récupérer, de me reposer et de me préparer pour cette saison. Mais personne ne va repousser les championnats à une date ultérieure pour moi 😊. À Tokyo, j’ai beaucoup mieux performé et, à Madrid - j'en suis sûr -, je ferai encore beaucoup mieux !

Es-tu satisfait de ta ½ finale à Tokyo ?

Bien sûr que non ! Je me suis blessé 5 minutes avant le combat… C'était terrible. J'étais enfin en bonne forme pour montrer au public un grand combat mais, à la suite de cette blessure, je pouvais à peine me déplacer sur le tatami.

Que crains-tu en pensant aux Mondiaux ?

Rien.

Aghayev, Nishimura, Harspataki, Busa : 4 écoles différentes. Quels styles préfères-tu affronter ? Les combats-tu de manière différente ?

Bien sûr, je combats différemment mais, en général, personne ne peut changer fondamentalement sa façon de travailler et son style.

As-tu le temps de faire autre chose que du Karaté ?

(Il rit) Bien sûr ! Heureusement, il n’y a pas de compétitions de Karaté tous les week-ends ! Mais il semble que tout me ramène quand même au Karaté (il éclate de rire).

Estimes-tu- que le Karaté a beaucoup changé au cours des deux dernières années, avec l’olympisme ?

J'apprécie les changements. Les combats sont devenus vraiment plus intenses et intéressants. Mais il y a encore beaucoup de choses qui devraient être corrigées. Les vidéo replay, par exemple, devraient être vraiment critiques - pour la situation dans son ensemble, pas seulement pour décider de donner des points à un athlète.

Les pénalités pour les corps à corps ne sont pas toujours claires. Les saisies dynamiques, à mon avis, devraient être valorisées avec des points même si ce sont des saisies à deux mains. J’aimerais beaucoup utiliser à nouveau les techniques de projection (il rit).

Qu'est-ce que l’olympisme a changé pour toi ?

Cela a amené un calendrier plus chargé (il éclate de rire).

 

Horuna TWG2017 219