Responsable des équipes nationale du Sénégal, directeur technique du Sauvegarde Besançon, acteur social de la ville de Besançon dans l’aide aux jeunes de quartier, Fode Ndao est un homme de terrain et un karatéka qui se bat pour développer sa discipline. Présent au Botswana pour les Championnats d’Afrique (12-14 juillet), il évoque avec clairvoyance l’état actuel du karaté sur le continent africain.
Par Florian Fournier
Photos : D.R
Quel est ton regard sur le karaté africain avant ces championnats continentaux ?
C’est un karaté en pleine évolution. Il lui manque encore beaucoup de travail, beaucoup de moyens mais avec des pays comme l’Algérie, l’Egypte, le Cameroun, le Sénégal, on tend vers le progrès. Nous avons un karaté très rigoureux et très engagé, qui ne demande qu’à être structuré pour continuer son évolution et avoir des résultats encore plus probants.
La 5ème place du Sénégal en équipe Kumite aux Championnats du monde à Madrid démontre bien que le karaté africain revient sur le devant de la scène.
C’était une performance attendue…
Exactement ! C’est le résultat d’un gros travail effectué, que nous avions préparé depuis longtemps. Je me suis absenté pendant une période de la fédération sénégalaise et, en revenant, je souhaitais faire une grosse performance. Je me suis impliqué tout de suite dans le projet en donnant des stages et nous avons commencé de cette manière ce résultat final.
As-tu vu une différence depuis que le karaté est en phase olympique ?
Evidemment. Nous avons plus de moyens, les comités olympiques nous soutiennent. Au Sénégal, les athlètes ont des bourses pour pouvoir s’investir à fond dans leur projet olympique. Cela nous permet d’être plus présents sur les Karate 1 et c’est bénéfique pour le karaté africain. Un engouement s’est créé. A nous de le maintenir.
Quelles sont tes attentes pour cette compétition ?
Il faut marquer des points pour accéder au tournoi de qualification olympique. Les athlètes, eux, souhaitent devenir champion d’Afrique, ce qui est normal pour un compétiteur. L’important, c’est de faire une compétition de plus, se régler et progresser en vue du ranking et du tournoi de qualification olympique.
Vivant en France, comment fais-tu pour gérer l’équipe du Sénégal ?
J’arrive facilement à gérer à distance. Mon rôle de responsable des équipes nationales me permet de travailler à distance. J’envoie des modules, je gère l’organisation et les coachs font leur travail sur place avec les athlètes. De plus, beaucoup d’entre eux viennent en France pour s’entraîner. Je les supervise à ce moment-là.
C’est un échange culturel intéressant qui dépasse le karaté et qui permet d’établir et d’entretenir le lien étroit qui unit la France et le Sénégal. A Besançon, je travaille dans le cadre d’échanges culturels avec les jeunes de quartiers et le karaté me permet de pouvoir faciliter ces échanges entre les jeunes et les pays africains pour leur montrer qu’il y a des difficultés dans le monde et qu’il faut se battre tous les jours pour s’en sortir. Le karaté est un vecteur important pour sensibiliser les jeunes sur leur avenir.
Que faire pour développer le karaté au Sénégal, et en Afrique de manière générale ?
Il faut l’ouvrir au monde extérieur. Comme toutes les nations, on a besoin de faire des échanges avec les autres pays pour progresser. Si on arrive à être plus présent sur les compétitions mondiales, cela nous aidera aussi énormément.
Mais on manque de moyens. Pour obtenir des visas, c’est parfois compliqué. Les voyages coûtent cher. Il faut qu’on augmente aussi notre nombre de licenciés pour avoir plus de masse et réussir à former plus de karatékas de haut niveau.
Tout cela va venir avec le temps et le soutien du monde du karaté en commençant par la WKF qui peut nous permettre de nous ouvrir et nous donner accès encore plus facilement au monde du karaté et à son savoir.
Si l’on arrive à faire ces échanges partout dans le monde pour développer le karaté, que ce soit en Afrique ou ailleurs, l’unité de notre discipline nous conduira vers les sommets et sûrement à l’olympisme définitivement.