Il a été en équipe de France pendant 7 ans (1999-2006), a été 3e des Championnats d’Europe en 2005, champion du monde par équipe en 2004 mais c’est comme directeur général de Publicis Sport que Guillaume Cossou, 39 ans, a effectué le déplacement aux Championnats d’Europe.

La raison ? Le lancement par le géant de la communication d’une campagne en faveur du karaté olympique à Paris 2024, « Belt of Hope ». Un clip de « démotivation », une ceinture multicolore et de nombreuses actions en perspective. Explications.

Par Ludovic Mauchien à Guadalajara (Esp) / Photos : LM et DR


 

La décision du COJO de ne pas choisir le Karaté comme sport additionnel en 2024 a surpris beaucoup de monde et en a choqué certains. Guillaume Cossou est de ceux-là. Le 21 février, quand Tony Estanguet annonce la triste nouvelle, il ne comprend pas. Il est abasourdi.

Derechef, il prend son téléphone, appelle son ancien partenaire en équipe nationale, Yann Baillon, aujourd’hui directeur des équipes de France, et propose immédiatement les services de Publicis Sport. La machine est lancée. Les rendez-vous se succèdent avec les dirigeants fédéraux. Les idées fusent. Une vidéo, des ceintures aux couleurs de l’olympisme… Hajime !

Comment avez-vous réagi à l’annonce de la décision du COJO ?

Cela a été une immense déception. Je pensais vraiment que l’on avait tout ce qu’il fallait ou, tout du moins, de vrais atouts pour apporter quelque chose à Paris 2024. Je n’ai pas été choqué par l’inclusion des autres sports. Je comprends les besoins du CIO et du COJO d’aller chercher une audience plus jeune pour les Jeux. Après, je me dis qu’il peut y avoir un 5e sport et le karaté pourrait clairement être celui-ci. Je ne lâcherai rien. On est extrêmement motivé pour ce combat même si l’on sait que le challenge est immense pour modifier cette décision. Mais on y croit.

Dans quel cadre réalisez-vous cette opération ?

Après plusieurs années chez Lagardère Sports, je viens de rejoindre le groupe Publicis pour lancer Publicis Sport, dont je suis le directeur général. Au sein de Publicis, j’ai découvert qu’il y avait de nombreux passionnés de karaté, dont Julien Simons, directeur de création. C’est avec toutes ces personnes et avec l’aval de Pascal Crifo, président de Publicis Sport, que nous avons décidé de nous mobiliser pour cette juste cause. On va faire bénéficier le karaté de la force de frappe de Publicis.

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Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans une telle campagne ?

Je suis conscient de tout ce que le karaté m’a apporté et j’ai envie de lui rendre quelque chose, de me mobiliser pour lui. Si j’ai autant réussi ma reconversion, c’est aussi grâce à ce qu’il m’a enseigné.

J’ai envie de le faire aussi pour les athlètes. Je l’ai été. On a toujours lutté pour être olympique. Je comprends à quel point ils peuvent être déçus. C’est une forme de solidarité entre athlètes. Je comprends trop bien leur ressenti et leur amertume.

« BENEFICIER DE LA FORCE DE FRAPPE DE PUBLICIS »

Pour combien de temps est-elle programmée ?

C’est une campagne au long cours. L’idée est de faire des piqures de rappel régulières afin de toucher les cœurs et les esprits. Il y a d’autres opérations qui sont déjà prévues. Cette opération aux Championnats d’Europe n’est qu’une première.

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Parmi les actions, il y a la vidéo de « démotivation » avec l’équipe de France (voir lien ci-dessous). Quelle est la genèse de cette idée ?

Juste après la décision du COJO, on a voulu montrer, à travers des images de karaté, que l’on était un sport spectaculaire. C’est très bien de le faire. Désormais, il faut que l’on montre aussi nos qualités humaines. C’est ce que l’on a voulu faire. Comment des athlètes, qui s’entraînent tous les jours, qui voyaient 2024 comme un rêve, ont été touchés humainement par cette décision.

Comment cette décision a pu nous impacter, comment on a été touché au plus profond de nous-mêmes et, à travers cette déception, comment on va puiser les forces pour se battre et pour faire changer d’avis le COJO et le CIO.

Dans le film, Yann Baillon fait un speech à la Al Pacino dans l’enfer du dimanche, un speech dans lequel il va démotiver les athlètes et qui se termine par la promotion de la ceinture pour faire revenir le Comité olympique sur sa décision.

Quelle est l’idée développée avec la ceinture multicolore ?

On va mettre en vente cette ceinture au profit d’une association caritative, « Fight for dignity », créée par Laurence Fischer. On pourra l’acheter sur le site Internet spécialement créé pour l’occasion, www.beltofhope.com. Le but est de la faire porter par les pratiquants et non pratiquants, qu’elle devienne le signe de ralliement de tous les supporters du karaté et de ses valeurs.

L’idée est de sortir du milieu du karaté et de proposer un symbole compréhensible aux yeux de tous. Nous allons contacter des personnes influentes qui ont un lien direct et indirect avec le karaté. Nous ambitionnons de la faire porter par des célébrités issues du cinéma, de la musique, du monde politique, etc.