Championne du monde 2014, n°1 française des -68kg depuis plusieurs années, Alizée Agier est aujourd’hui l’une des piliers de l’équipe de France. En course pour Tokyo 2021, elle revient sur sa finale mondiale à Brême en 2014 contre la Norvégienne Gitte Brunstad pour son My Best Fight.

Par Florian Fournier / Photo : KPhotos


A 20 ans, il parait qu’on est invincible et que rien n’est impossible, Alizée Agier en est la preuve. Championne du monde pour sa première sélection sénior, cette finale lui reste encore en mémoire aujourd’hui.

« C’est ma finale mondiale contre la Norvégienne Gitte Brunstad qui reste aujourd’hui mon plus beau combat et mon meilleur souvenir. En 2014, à Brême (Allemagne), je vis mes premiers mondiaux Seniors avec l’équipe de France et je vais devenir championne du monde. Après des éliminatoires où je me suis sentie en forme, ma seule envie était de remporter l’or quelques jours plus tard.

Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Dès l’échauffement, l’ambiance était particulière. Toute l’équipe de France était présente dans la warm-up zone et cela m’a permis d’être tout de suite dans mon combat, dans ma routine et prête à atteindre mon objectif. Entendre tout le groupe France me soutenir m’a apportée une sérénité essentielle avant de rentrer sur le tatami.

Une fois en place, je suis très concentrée. Avec Ludovic Cacheux, nous avions étudié mon adversaire. C’était une fille davantage portée sur le contre et la stratégie était de voir ses réactions pour ensuite placer les bonnes attaques. Dans les premiers instants du combat, je jauge la distance, on se déplace, on voit comment l’autre réagit, le « round » d’observation se passe et j’envoie un Kizami/Gyaku zuki qui marque mais je me fais contrer et l’on se retrouve à 1-1.

Plus grand-chose ne se passe puis, sur une action, mon naturel revient et j’enclenche un Ura Mawashi geri qui porte le score à 4-1 en ma faveur. Il restait 45 secondes à l’horloge, le clan français explose de joie, il était impossible pour moi que le titre m’échappe. J’ai continué mon combat avec sérieux, sans le truquer avec des fausses attaques ni même des sorties, d’ailleurs c’est elle qui va être sanctionnée pour une sortie.

Ma concentration était tellement optimale sur mon adversaire que ces 45 secondes ne m’ont pas paru interminable comme on peut le ressentir parfois. Je suis restée focus sur mon adversaire et pas sur le temps

Dans l’approche de ce combat, j’ai imaginé tous les scénarios et c’est un état naturel de chacun que de se projeter avant une finale mondiale sur son déroulement mais, en vérité, l’instant présent est totalement différent des schémas que l’on se fait auparavant. Et le déroulement de la journée, l’ambiance m’ont fait oublier l’enjeu. Je voulais juste gagner et marquer mes points.

Cette compétition et ce combat sont des références pour la construction de ma carrière. Les sensations ressenties avant, pendant et après me permettent aujourd’hui de continuer mon évolution et ma progression. Après ce combat, j’ai enchaîné avec une victoire à l’Open de Paris et plusieurs titres et finales.

Cette confiance et ce ressenti durant cette compétition sont une base solide de ma carrière. Aujourd’hui, je suis capable de faire mieux que cette finale et j’ai encore plein de belles choses à accomplir. Des titres de championne du monde et un titre olympique en dominant une Japonaise en finale, ce serait le top ! »