Vice-championne d’Afrique l’an passé, championne d’Afrique en 2018, médaillée de bronze aux derniers Championnats du monde, l’Algérienne Lamya Matoub est l’une des têtes d’affiches de ces championnats d’Afrique (7-9 février). A Tanger (Maroc), elle tentera de retrouver la première place des -68kg et ainsi continuer d’espérer pour sa qualification aux Jeux olympiques.

Par Florian Fournier / Photos : Kphotos


 

Est-ce l’heure de la reconquête ? 

Effectivement, c’est l’heure de reprendre le titre. Ayant perdu mon dernier championnat d’un drapeau l’an dernier, je compte bien faire la différence avec les points cette fois-ci. Comme tout athlète de haut niveau, seule la victoire me satisfait donc je suis ici à Tanger pour m’imposer et retrouver le goût des podiums (son dernier podium international : les championnats d’Afrique 2019).

Ce titre est-il indispensable pour la qualification olympique ? 

Je ne peux pas dire qu’il soit indispensable car je pense qu’au niveau des points, les qualifiées sont déjà presque connues et sont Européennes. Néanmoins, un titre continental est important car la carte africaine est belle et bien présente et si le TQO ne fonctionne pas pour moi, cette 3e option est dans ma tête. Je me dois de ne négliger aucune possibilité pour aller à Tokyo. Et gagner ce titre m’apporterai une once de confiance supplémentaire pour la suite de la saison.

Que représente ce titre continental pour toi ?

Tout d’abord, c’est la reconquête de mon continent, la fierté de mon pays, de ma famille, de mon club de Sarcelles, de mes entraîneurs et préparateurs français et surtout une lignée dorée, supplémentaire, à rajouter à mon palmarès.

Gagner une compétition comme celle-ci, c’est récompenser le travail que j’effectue au quotidien, me rappeler pourquoi je fais tant de sacrifices et pourquoi mon entourage lui aussi fait des sacrifices. J’ai envie de marquer une nouvelle fois de mon empreinte le karaté que j’aime tant, et cela passe par des titres.

Comment as-tu travaillé après ta contre-performance lors de l’Open de Paris ?

J’ai bien analysé le combat en vidéo pour corriger mon erreur. L’erreur de concentration à 4 secondes de la fin alors que je mène le combat ne doit pas me déstabiliser plus que ça. J’étais prête et en forme et la défaite ne change en rien mon état physique. Je suis donc retournée à ma préparation et à l’entraînement en étant encore plus motivée.

C’est important d’analyser une défaite surtout quand elle est évitable comme celle de l’Open mais il ne faut surtout pas gamberger et rester dessus. Le meilleur moyen pour avancer c’est de retourner dans sa routine de travail et d’y mettre tout son cœur, toute son âme pour être plus forte à la prochaine étape.

Le karaté africain est-il différent du karaté mondial ?

En Kumite, les pays d’Afrique sub-saharienne ont une préférence pour le gyaku tsuki shudan qui est très efficace, rapide et puissant. Généralement, ils l’utilisent en contre. Au niveau des nations, même si la base est commune, elles ont toutes plus ou moins leur spécialité. Celles qui se rapprochent le plus du karaté international sont l’Égypte et le Maroc.
En Kata, on a tendance à voir que les nations africaines privilégient les aides extérieures et l’aspect athlétique à l’aspect technique, ce qui est totalement l’inverse du Karaté international que nous connaissons, nous.

Quelles sont les conditions de compétition à Tanger pour ce championnat ?

Je n’ai pas encore vu la salle mais le Maroc a l’habitude d’organiser chaque année le K1 et tout comme les derniers Jeux africains. La compétition sera probablement bien organisée. Par ailleurs, le temps est agréable et la ville est très jolie, ce qui est un véritable plus.