Il s’est très peu exprimé sur le sujet depuis l’annonce du 21 février dernier. Le président de la FFKaraté, Francis Didier, revient sur la non inclusion du Karaté aux Jeux de Paris en 2024, les actions possibles et les conséquences potentielles d’une telle décision.

Par Ludovic Mauchien / Photo : DR


Quelles sont les actions engagées depuis le 21 février ?

On a fait appel aux sénateurs et aux députés. On a lancé la campagne de la ceinture de l’espoir, « Belt of Hope », pour que le COJO change peut-être d’opinion. On va faire durer cette campagne sur l’année, jusqu’au TQO (en mai 2020 à l’AccorHotels Arena). Après, la possibilité, c’est de faire des médailles à Tokyo et d’attendre la décision du CIO en décembre 2020.

Pour nous, à Tokyo, l’objectif est clairement d’avoir des médailles ! C’est une des facettes qui nous donnera raison. La presse s’en emparera peut-être en disant au COJO : « mais vous n’avez pas pris le Karaté alors qu’ils ont fait des médailles ? ! C’est incompréhensible ! ». Le boomerang risque de revenir par là.

Mais il est plus difficile de se qualifier que d’avoir des médailles ! Le parcours du combattant est dans la qualification. Une fois que tu es qualifié, tout est possible.

Mais… Dans les matchs, des fois on gagne, des fois on perd, ce n’est pas pour cela que l’on arrête la compétition. Là, c’est pareil pour moi, ce n’est parce que l’on n’est pas à Paris 2024 que tout s’arrête. Rien ne s’arrête !

Si la décision reste inchangée, comment voyez-vous l’avenir du Karaté ?

Cela ne changera rien. Avec les JO, c’est l’éclairage que tu peux avoir tous les 4 ans sur ton sport qui compte. Mais nous avons un championnat du monde tous les ans, le Junior et le Senior. Il y a 8 Premier League dans le monde entier, des SeriesA… Le calendrier est extrêmement fourni. Donc, on retournera à notre métier de base.

La crainte, après 2020, n’est-elle pas que les fédérations aient moins de budget, qu’il y ait moins de Premier League, etc ?

C’est sûr qu’il faudra que la Fédération internationale revoie ses quotas d’inscription parce qu’effectivement, il y aura moins d’intérêt. Mais, quand il n’y avait pas les qualifications aux JO, ces compétitions existaient déjà. Il y avait par exemple l’Open de Paris qui, tous les ans, rassemblait le plus grand nombre d’inscrits au monde.

Même si le Karaté était à Paris 2024, il n’y aurait pas d’intérêt pour les athlètes d’aller aux Premier League après les Jeux de Tokyo puisque les qualifications recommencent seulement 2 ans avant les Jeux, en 2022.

Sur la question de fond, il faudrait que la Fédération internationale entrevoie des modifications dans les conditions d’inscription pour avoir le même engouement et le même nombre d’athlètes.

Concernant les subventions, les parcours sont différents selon les nations. Pour nous, la France, c’est le Ministère des Sports, désormais l’agence, mais pour d’autres, comme le Japon, ce sont les sponsors. Cela va s’arrêter pour certaines nations, les aides du Comité olympique aussi.

De toutes les façons, l’économie globale mondiale se réduit. Il faut s’y attendre. En Italie, le CONI, le Comité olympique, a vécu une baisse de 400 000 € sur le financement global du sport.

Sur la forme du Karaté, sur le règlement, faut-il continuer dans la même voie ? Ou réfléchir à une autre forme de compétition ?

Je me suis déjà entretenu plusieurs fois avec le Président de la Fédération internationale pour lui dire que l’on doit absolument régler les temps morts. Quel temps perdu ! Exemple : lors d’un accrochage, l’arbitre central arrête, remet les athlètes en place, demande aux autres arbitres s’ils sont d’accord et… Il donne la pénalité. 15-20 secondes se sont écoulées, multiplié par 8 pénalités…

Cette modification est, pour moi, la priorité. Un match qui dure 3 minutes, il ne faut pas qu’il dure plus de 5 minutes avec les arrêts de jeux. Une personne lambda qui regarde du Karaté, s’il y a trop de longueurs, elle zappe ! C’est un peu comme dans les sports collectifs. Ce sont d’ailleurs les modifications qu’il y a eu dans le rugby, qui est devenu beaucoup plus dynamique et rapide.