Avec Gwendoline Philippe, il est le fer de lance de l’équipe de France aux Championnats du monde Jeunes qui commencent aujourd’hui au Chili (23-27 octobre), malgré l’état d’urgence décrété par le gouvernement.

Mehdi Filali (+84 kg), tout juste 20 ans, compte déjà 9 podiums en Karate 1 et a tapé tous les tops mondiaux, mais n’a accroché qu’une seule victoire et cela commence à le taquiner sérieusement. A Santiago, le Marseillais veut aller droit au but : gagner ! Portrait d’un nouvel empêcheur de tourner en rond pour les cadors.

Par Ludovic Mauchien / Photo : Kphotos


Peu de monde peut se vanter d’avoir claquer un Mawashi en pleine tête à Sajad Ganjzadeh. Mehdi Filali, si ! C’était en janvier 2018, en finale de l’Open de Paris. Mené, un brin nargué par le champion du monde iranien, le jeune Marseillais de 18 ans, pas impressionné pour un sou, lance pour toute réponse sa jambe droite. Pleine cible ! Magnifique ! « La jambe qu’il met à Sajad ! J’ai kiffé ! Elle n’est pas comptabilisée, ils lui ont mis contact mais, ça, c’est un détail », rigole Steven Da Costa, son inséparable pote. Ce jour-là, beaucoup se sont dit que Seydina Baldé avait (enfin) un successeur. Le caractère, le culot et la technique que Mehdi Filali a montrés entrouvraient de grands espoirs.

Façonné par Alexandre Biamonti à Marseille pendant 10 ans, poli au CREPS et dans les équipes de France Jeunes, où il a rencontré Steven, Mehdi Filali (1,92 m ; 86 kg) venait de remporter les Championnats d’Europe Juniors en 2017. D’un coup, il changeait de dimension. Et il allait confirmer... Vice-champion d’Europe U21 dans la foulée (battu par le Biélorusse Vodchyts), il rejaillit à Rotterdam (3e) et, surtout, au K1 de Rabat, qu’il remporte dans un nouveau combat de titan face à Jonathan Horne (4-2), son unique succès chez les Seniors à ce jour.

« Il est très fort ! Son Karaté est simple et efficace », souligne Steven Da Costa. « Il est performant partout. Il arrive à être régulier alors qu’il est très jeune. Franchement, c’est beau ce qu’il fait. Mais ce serait bien qu’il pèse encore plus ».

Ses coups d’éclat de 2018 l’ont propulsé sous les feux de la rampe et… dans l’oeil des caméras des entraîneurs étrangers. En quelques mois, Mehdi Filali est passé du statut de jeune Junior quasi inconnu à nouveau cador à surveiller du top mondial. Ses adversaires l’ont forcément étudié de plus près depuis. Il connait alors un coup de moins bien. Rappelons qu’il n’a pas encore 19 ans. Il perd prématurément aux Championnats d’Europe (2e tour contre Kvesic, 0-0) puis, à l’automne, aux Championnats du monde (2e t. face au Turc Yamanoglu, 2-1).

Il est affecté. L’heure est à la réflexion, à la remise en question. Il faut s’atteler au travail, affiner, simplifier, proposer, créer. Le résultat ? En 2019, il commence magnifiquement l’année avec une 3e place à Paris (défaite en ½ contre Abazari) et une finale à Dubaï (bat Horne et perd face à Kagawa).

Aux Championnats d’Europe, il tombe sur un nouvel os, Arkania en 8e (1-0). Nouvelle déception. Pour l’heure, c’est la dernière. Depuis ? 3 podiums d’affilée en K1 avant ces Championnats du monde U21. Shanghaï, Tokyo et Moscou, à chaque fois 3e, ce qui commence d’ailleurs à sérieusement l’énerver… « Être sur le podium, c’est bien », nous disait-il à Moscou, « mais ce n’est pas gagner ». Bref, y en a un peu marre, seule la victoire est belle pour le Marseillais.

A sa décharge, la concurrence est brillante chez les lourds. L’Iranien Ganjzadeh, triple finaliste mondial (1er en 2016), l’Allemand Horne, le champion du monde en titre, le Turc Yamanoglu, 3e des Mondiaux, le Géorgien Arkania… Que du… lourd ! Que des anciens aussi.

Aucun ne sera donc à Santiago, où Mehdi Filali fait office de favori pour le titre des U21, une compétition qui ne compte pas pour le standing olympique dans lequel il apparaît à la 14e place avant le K1 de Moscou, dernier update (9e si l’on considère le Japonais qualifié d’office et la règle d’un seul représentant par pays), à quelques 3000 points du 4e et dernier qualifié (1 victoire en K1 rapporte presque 1000 points).

Ce passionné de sports, qui a été nourri au karaté par les vidéos de Rafaël Aghayev et d’Alexandre Biamonti, n’a pas dit son dernier mot. A tout juste 20 ans, il compte déjà 9 podiums en Karate 1 dont une victoire (Rabat 2018). Et il perd rarement par plus d’un point d’écart. La marge est serrée, le détail infime entre l’argent et l’or. Mais il monte, il monte, le petit Mehdi… De Marseille à Paris déjà, puis à Mont-Saint-Martin, où il est licencié aux côtés de la fratrie Da Costa. « Je lui souhaite le meilleur », espère Steven Da Costa. « J’espère déjà qu’il va gagner les Monde U21 et, qu’ensuite, il aura une belle carrière. Il est comme mes frères. Il fait partie de la famille. Il est tranquille, il est drôle. On rigole bien ». Il ne reste qu’à souhaiter à Mehdi Filali que les choses lui sourient au Chili.

 

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Le foot, ses idoles, son kif en Karaté…