C’est le n°1, point ! Que ce soit dans le ranking mondial ou le standing olympique, le boss, c’est lui. Le Turc Ugur Aktas est l’une des pépites de la jeune génération dorée du Karaté turc.

A seulement 23 ans, il est triple champion d’Europe Seniors (-84 kg), triple champion d’Europe et double médaillé mondial par équipe, et totalise déjà 9 victoires en Karate 1, dont 4 cette année !

Passionné de maths, diplôme d’ingénieur en poche, Ugur Aktas est quelqu’un d’attachant, humble et jovial. Il aimerait affronter son idole de jeunesse, Rafaël Aghayev, résoudre les équations mathématiques les plus compliquées qui soient, dominer ses doutes…

Par Ludovic Mauchien / Photos : Kphotos


A Istanbul, sa ville natale, le hasard ne s’est pas trompé. Le club d’arts martiaux le plus proche du domicile parental était un club de Karaté. Dieu soit loué ! L’enfant turbulent va être calmé. Il a surtout trouvé sa voie. Dès sa ceinture jaune, son Senseï, comme il appelle son prof, lui prédit un brillant avenir. C’est peu dire… Il a alors 10-11 ans.

Brillant élève, au Dojo comme à l’école, il s’adonne et se donne pleinement à ses deux hobbies, le Karaté et les équations mathématiques. Côté Karaté, il remporte 4 titres de champion d’Europe Jeunes dont 3 d’affilée (Juniors en 2012 et 2013, U21 en 2014 et 2016) et un titre de champion du monde U21 en 2015.

Ses idoles ? Haldun Alagas, le 1er champion du monde turc en 1990 (à 18 ans), Rafaël Aghayev et Enes Erkan, double champion du monde des lourds (2012 et 2014). Le dernier a été vice-champion du monde par équipe avec lui (2016). Le 2e, il rêve de l’affronter. « Je suis Rafaël depuis plus de 10 ans. Le rencontrer dans un combat par équipe serait un super moment et resterait un super souvenir », sourit-il. Le 3e est aujourd’hui son coach en équipe nationale.

Plus qu’un rêve de môme, c’est pour Ugur Aktas un honneur d’être coaché par le double champion du monde (1990, 98). « Bien sûr que c’est un honneur ! Il est supérieur à moi. Je n’ai pas encore été champion du monde. Quand je rentre sur le tatami, je suis plus décontracté car je sais qu’il est sur la chaise, derrière moi. J’écoute tout ce qu’il me dit. Ca a été un grand champion et c’est un super coach. Il connaît tout ! J’ai pleine confiance en lui et cela me donne aussi plus d’assurance ».

Ugur Aktas appartient à la jeune génération dorée du Karaté turc avec Burak Uygur (-67 kg), Eray Samdan (-60 kg), Erman Eltemur (-75 kg)… Tous champions du monde U21, ils ont grandi ensemble depuis l’adolescence, ils ont vaincu ensemble depuis les Juniors, ils sont triples champions d’Europe en titre Seniors (sauf Samdan, pas aligné en équipe). Plus que des partenaires, ce sont des frères et ils n’ont que 23-24 ans.

Ugur Aktas, par son charisme, sa personnalité et le palmarès qu’il se forge, apparaît comme l’un des leaders de l’équipe nationale turque. Depuis qu’il a son diplôme d’ingénieur en poche, il se consacre pleinement au Karaté, au moins jusqu’aux JO de Tokyo.

« J’ETAIS TRES TRISTE ! J’ETAIS TELLEMENT PRES DE CE TITRE DE CHAMPION DU MONDE… »

Champion d’Europe des -84 kg en 2016, 2017 et 2019 (3e en 2018), le Stambouliote doit attendre 2018 pour disputer ses 1ers Championnats du monde Seniors, le Calife Enes Erkan prolongeant son règne jusqu’en 2016.

Mais Madrid, en novembre dernier, reste son plus mauvais souvenir à ce jour, du genre qui laisse un goût amer. En ½ finale, il est opposé au Croate Ivan Kvesic… « Il reste 10 secondes et nous sommes à égalité (1-1). J’ai l’avantage grâce au Senshu. Et je le laisse marquer un point ! Il est directement champion du monde car la finale n’a pas eu lieu (Chobotar a été KO, donc Shikoku). J’étais très triste ! J’étais tellement près de ce titre de champion du monde… Je veux gagner les prochains Mondiaux. Rien que le nom… « champion du monde… ». Mais j’étais quand même content car c’était ma 1ère médaille à un Championnat du monde ».

Depuis, il a mis l’adversité à bonne distance. Il a mis tout le monde au pas. 11 tournois, 8 podiums, 5 victoires, une place de n°1 au ranking mondial comme au standing olympique. Il est le seul du circuit à posséder une telle avance de points sur ses poursuivants (3500 points sur Poorshab en -84 kg, 1300 sur Ganjzadeh en +75 kg), un matelas suffisamment confortable pour se permettre des sorties de route. Malheureusement pour ses adversaires, ce n’est pas le style de la maison.

Bien que parfois, il lui arrive tout de même de douter. « Cela m’arrive d’oublier qui je suis, de me poser trop de questions, mais mon Senseï et ma famille sont là pour me rappeler que je suis un grand combattant et un bon élève », sourit-il.

Pour l’heure, il a mis entre parenthèse son métier d’ingénieur pour se consacrer pleinement au Karaté afin d’accomplir ses deux rêves : être sacré champion olympique et champion du monde. Il en prend le chemin…

 

Son interview, épisode 1 (court)

 

Son interview intégrale