Champion du monde et triple champion d’Europe par équipe, le Français Rida Bel-Lahsen préside depuis avril aux destinées de l’équipe combat de Hong-Kong qui se prépare pour les Championnats d’Asie (11-15 juillet en Jordanie). 3e des Mondiaux en 2000 (-70 kg) et par trois fois médaillé européen, le Français a été recruté au printemps dernier par l’Anglais William Thomas. Eclairage.

Par Ludovic Mauchien / Photos : DR


 

Il est titulaire d’un MBA de management en hôtellerie et d’un DEUG mathématiques et informatique mais la passion l’a emportée. Rida Bel-Lahsen a finalement choisi d’évoluer dans le milieu qu’il préfère : le Karaté.

Après une carrière bien remplie qui l’a vue remporter 8 médailles à l’international, dont 4 en individuel (2e des Mondiaux 2000, 2e des championnats d’Europe 2000 et 2005, 3e en 2003), le Français s’est lancé dans l’enseignement.

Avec sa femme, Stéphanie Bel-Lahsen Duperret, aujourd’hui entraîneur national Kata du Maroc, ils ont ouvert un club à Fontenay-sous-Bois (94) où ils ont compté jusqu’à 270 élèves l’an dernier. Parallèlement, ils ont dispensé leur connaissance du haut niveau à l'AS Sarcelles.

Contacté par plusieurs pays, l’enfant de La Garde (près de Toulon) a finalement opté pour Hong-Kong. Arrivé en avril, le Français va connaître sa première grande compétition sous ses nouvelles couleurs à Aman, en Jordanie, à l’occasion des 15e Championnats d’Asie (11-15 juillet).

Comment as-tu été amené à entraîner l’équipe nationale de Hong-Kong ?

J’ai été sollicité par quelques pays et cette proposition m’est apparue la plus intéressante par rapport au challenge, aux athlètes et aux conditions de travail. On est logé à l’Institut national du sport, l’équivalent de l’Insep. On peut travailler dans des conditions professionnelles. Le challenge est de pouvoir réussir à les mener au plus haut niveau.

Et c’est l’Asie. Pour moi, c’était intéressant de voir autre chose, de passer sur un autre continent, celui du Japon, de l’Iran... C’est un challenge et une expérience intéressants. C’est différent.

Qu’est-ce qui te surprend le plus ? Que découvres-tu ?

Je ne suis pas spécialement venu pour découvrir. La culture, la société est différente. Il existe un côté très hiérarchisé, plus marqué qu’en Europe. Ce n’est pas ce que je recherchais forcément mais c’est intéressant.

On a une trentaine de combattants. On entraîne aussi bien les jeunes que les Seniors. Je dis « on » car j’ai des assistants et on est une équipe dirigée par William Thomas, qui est en charge de développer la structure. Il est là depuis deux ans. Il fait son équipe et m’a chargé du combat. A deux, on est plus efficace, d’autant qu’il a formé son fils (Jordan Thomas, champion du monde en titre des -67 kg) et au vu son palmarès… ! (champion du monde 1986 et 1992 en -70 kg et par équipe avec l’Angleterre en 1986, 88, 90). On est sur la même longueur d’ondes. Tout se passe bien.

LE KARATE EST DEVANT LE KUNG FU ET LE TAEKWONDO

Existe-t-il une culture Karaté au pays de Bruce Lee ?

Oui, il y a une culture Karaté au pays de Bruce Lee, pas forcément en combat, plus en Kata. C’est en tout cas mon ressenti. Le niveau de l’équipe nationale est meilleur en Kata qu’en combat, notamment parce qu’ils admirent le Japon et ne sont pas loin.

A l’Institut des sports, le Karaté est présent depuis de nombreuses années. Il est devant le Kung-Fu et le Taekwondo. Il y avait déjà une reconnaissance de la discipline au point de vue gouvernemental mais, depuis que le Karaté est olympique, cela a renforcé encore plus son statut vis-à-vis des autres sports.

Quelles sont les ambitions de Hong-Kong à ces Championnats d’Asie ?

En Kata, on a Grace (Lau) qui devrait faire une médaille, plus les équipes qui commencent à monter. En combat, on table sur trois médailles. C’est un objectif élevé. On va voir. Je viens juste d’arriver, je prends le train en marche tardivement sur la saison. Je suis arrivé mi-avril mais j’ai été opérationnel mi-mai. Pour moi, ces championnats sont un test, une observation.

De manière générale, le niveau en Asie est moins dense qu’en Europe, en termes de qualité, même si cela dépend des catégories évidemment. Trois médailles, c’est possible. Deux filles ont le potentiel, Tsang Yee-Ting en -50 kg et Choi Wan-Yu en -61 kg (finaliste en 2017). Chez les garçons, je citerais Lee Ka-Wai en -75 kg et aussi Lee Chun-Ho en -60 kg (3e en 2015), même si c’est difficile d’avoir une médaille dans cette caté car les trois meilleurs mondiaux sont asiatiques, hormis Douglas Brose.

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