Enseigner ou combattre ? Kata ou Kumite ? Thomas Scott a choisi... de ne pas choisir. Il enseigne le Wado Ryu à 265 élèves et il est triple champion panaméricain (-75 kg). Il s’aligne aux championnats US de Kata et il excelle en Kumite à l’international. Les deux dernières années, le Texan est passé à côté du titre, finissant à chaque fois 3e, doublé par le Brésilien Hernani, double lauréat. Ils vont se retrouver ce week-end à l’occasion de ces 32e Championnats panaméricains organisés à Santiago de Chili. Rencontre avec un Wado-ryu qui fait la nique aux « Shotokan »…

Par Ludovic Mauchien / Photos : K-Photos


 

Personne n’a oublié sa finale épique à l’Open de Paris 2016 contre le double champion du monde, l’Italien Luigi Busa. Ura Mawashi Geri puis Yoko Geri à 2 secondes de la fin du combat pour l’emporter 8-7 ! Ce 2e succès en Karate 1, après le Premier League du Brésil en 2015, a propulsé Thomas Scott sous les Feux de la Rampe mondiale. Incisif, osé, offensif, varié, son Karaté est complet. Et il plaît, un peu moins à ses adversaires.

Triple champion continental en 2012, 2014 et 2015, 2e en 2013, l’Américain Thomas Scott, 28 ans, s’est fait griller la politesse ces deux dernières années par le Brésilien Verissimo Hernani, lui-même se classant 3e. L’heure est venue de mettre les choses au clair à l’occasion de ces 32e Championnats panaméricains organisés à Santiago de Chili du 15 au 17 juin, où il va retrouver Hernani et le Chilien Rodriguez Fuentes, finaliste à Guadalajara, qui évoluera à domicile.

Car le leader du continent américain en -75 kg, c’est lui ! Avec 13 médailles et 3 victoires (Brésil 2015, Paris 2016, Dubaï 2017) en Premier League, dont une 3e place à Rabat début avril, pour le dernier tournoi de sa tournée européenne, le Texan est 9e au ranking mondial, loin devant Hernani, seulement 45e.

Aux JO de Tokyo en 2020, il y aura 8 qualifiés. Tous les points sont importants, même si les qualifications olympiques ne commencent officiellement qu’au 1er juillet.

Enseigner ou combattre ?

Professionnellement, j’enseigne le Karaté. J’en ferai donc beaucoup cette année. J’aime donner des cours et mes étudiants sont les meilleurs (il sourit). J’enseigne aux enfants et je gère mon propre Dojo (à Plano, 20 miles de Dallas). J’ai 265 élèves. Je m’amuse bien.

Kata ou Kumite ?

Je fais les deux, Kata et Kumite, aux championnats nationaux US. Même si je suis meilleur en Kumite, il est toujours important d’essayer le Kata.

Tu as déclaré : « Mon Kumite est plus proche du Kata que du combat ». Pourquoi ?

Dans mon Kumite, je pense toujours à l’endroit où chaque partie de mon corps devrait être, un peu comme en Kata : appuis, pieds, hanche, souplesse, puissance, etc. Je ne pense pas juste à frapper mon adversaire. C’est, pour moi, une façon de penser fondamentale.

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« JE NE PENSE PAS JUSTE A FRAPPER MON ADVERSAIRE »

Peux-tu nous parler de l'école Wado Ryu ? Qu'est-ce qui la rend si unique ?

Senseï Tatsuo Suzuki aimait combattre. Il aimait aussi regarder la Boxe. Senseï a enrichi son Karaté des meilleurs aspects d’autres arts martiaux. Le curriculum du Wado possède d’excellents outils pédagogiques pour travailler la distance, les attaques et les déplacements.

Que dirais-tu pour donner envie à quelqu'un à pratiquer le Wado Ryu ?

Le Wado est idéal pour son aspect pratique. Si vous souhaitez étudier le Karaté tout en apprenant une self-défense efficace, le Wado est bon.

Comment se déroulent tes entraînements aux États-Unis ?

Les États-Unis sont si étendus que nous organisons des regroupements de l'équipe nationale une ou deux fois par an seulement. Sinon, on s’entraîne par nous-même, dans notre club. Je m’entraîne généralement deux fois par jour, préparation physique le matin à la piscine, sur la piste ou en salle et, ensuite, Kumite le soir. Je voyage aussi aux compétitions. Nous venons 9 fois par an en Europe. C'est beaucoup, mais c'est sympa !

Es-tu satisfait de ta tournée européenne (7e à Rotterdam, 3e à Rabat)?

Oui, j’étais plutôt content. Cela fait toujours plaisir. C’est un cadeau du ciel d’avoir la possibilité de voyager autant. Cela donne beaucoup d'opportunités de combattre et, par là-même, de m’étudier pour m’améliorer rapidement. Et j’ai fait pas mal de progrès cette année ! Je suis donc content.

As-tu des modèles, champions et/ou Sensei ?

Mon Senseï, à coup sûr ! Senseï Brody Burns est un excellent entraîneur. Je le connais bien et il me connaît très bien aussi. J’apprécie toujours les moments où il peut me coacher en compétition. J’ai de la chance d’avoir ces opportunités pour vivre une vie si pleine !

« MON CERVEAU EST MON PIRE ENNEMI »

Quels combattants crains-tu ?

Je suis mon pire ennemi ! Mon cerveau est mon pire ennemi. Si je suis sur la même longueur d’ondes que lui, je ne crains personne.

Tu as affronté Rafaël Aghayev à Rabat (défaite 2-0 en ½ finale). Quand tu lui fais face, est-ce que tu combats différemment ?

Non. J’essaie toujours de faire mon propre Karaté, peu importe qui est en face. Je fais ce que je sais le mieux faire. Avant Rabat, cela faisait longtemps que je n'avais pas combattu Aghayev. C’est toujours bien d’engranger des infos que je pourrais analyser pour les compétitions à venir.

Qu'as-tu fait depuis ta 3e place à Rabat ?

J’ai travaillé dur pour préparer les Championnats panaméricains. Je me sens bien. Mes sensations sont bonnes. Mon Senseï et moi avons déterminé un planning détaillé pour chaque semaine, afin de maximiser notre temps et d’être à mon pic de forme au bon moment.

Considères-tu ces « Panaméricains » comme une étape ou comme un objectif majeur ?

Les deux ! Les Championnats panaméricains, c’est là où j'ai appris, au fil des ans, à devenir qui je suis aujourd’hui. Ce sera mes 10e « PanAms » et je n’oublie pas toute l’expérience que j’y acquis. C’est l’une de mes objectifs principaux et, en même temps, une étape vers d’autres événements. Je suis impatient d’y être.

Que pouvons-nous te souhaiter ?

Ne me souhaite pas bonne chance, dis-moi :« vas-y et fais-le ! », gagne !