Il n’avait plus combattu depuis 4 ans. Puis, le temps d’un dimanche après-midi, « Mister Ura » était de retour sur les tatamis. Pour les JO ou pour le fun ? Pour le plaisir, comme il a toujours voulu le prendre. Et devinez quoi ? En plus, il a gagné ! C’est le week-end dernier, à l’occasion de l’Open adidas. William Rolle, 33 ans, a voulu voir « si ses jambes montaient encore ». Le champion du monde 2014 a régalé. Et, alors, ça fait quoi comme sensations ?...

Par Ludovic Mauchien / Photos : DR


Comment vas-tu ?

Ca va ! J’ai pris une matinée de repos. Je suis courbatu à mort. J’avais oublié ce que c’était de faire 6 tours (il rit). A part ça, cela m’a fait du bien, cette petite compèt’ (il rit).

Pourquoi as-tu décidé de t’inscrire ?

Ma femme la faisait. Elle a décidé de reprendre et de gagner sa sélection pour l’Algérie. Vu que l’on s’entraîne ensemble, je ne me sentais pas trop mal physiquement. Je n’étais pas à la rue. Je fais des sparrings tous les jours. Daniel (De Barros, l’entraîneur de l’AS Sarcelles) m’a demandé si je voulais faire l’Open. Je sens que, sur le long terme, il aimerait bien que je fasse partie de l’équipe…

Tu t’es éclaté ?

Au début, il y a quand même du stress, surtout que tu es à domicile. Mais, après, franchement, j’ai pris du plaisir. Il y avait mon fils dans les gradins, mon père, mes beaux-parents… Ma femme Houria faisait la compétition en même temps. Je la coachais, je revenais. Je me suis dit : « Tu n’as rien à prouver dans ce sport, profite ! Essaie de passer une petite technique pour voir si les jambes montent encore (il rit) ». C’était comme une sorte de jubilé. Mais cela m’a fait plaisir.

C’était dur ?

Le 1er tour était piège. Je tombe contre un mec qui a fait des podiums aux « France ». En plus, cela faisait longtemps… 4 ans sans compétition. Il fallait surtout passer le 1er tour. Ensuite, cela allait forcément se décanter. Au fil des tours, je commençais à me sentir de mieux en mieux, mais lourd au niveau des jambes. C’est au niveau du rythme. A l’entraînement, on fait 1h – 1h30 intensif mais il n’y a pas de pauses. Là, ce qui est dur, c’est de faire 3 minutes à fond, de s’arrêter un bon moment, de s’échauffer à nouveau, de repartir. Sur la finale, je n’avais plus de cannes. J’ai géré à l’expérience. Je suis sorti lessivé (il rit).

« QUAND IL TE MANQUE DES TRUCS, TU T’APPUIES SUR TON POINT FORT »

Tu as passé quelques cannes…

Ah, ouais, j’en ai passé à tous les tours (il rit), ou pratiquement. Les jambes montent encore. Je savais que mes adversaires auraient encore peur de mes jambes. J’ai aussi passé des balayages, mais comme j’étais en -75 kg, je n’ai pas pu bien les finir à chaque fois, mais le geste y était.

Ura ou Mawashi ?

J’ai mis un Mawash’ à un moment donné. Il a bien claqué ! Je crois que c’était mon plus beau point, mais j’ai mis plus d’Ura. Quand il te manque des trucs, tu t’appuies sur ton point fort. Et l’Ura est mon point fort.

Tu t’es aligné en -75 kg et non -67 kg ?

J’étais à 69 kg. J’avais 2 kg à perdre. Mais cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de régime. Si je perdais les kilos trop rapidement, j’allais être fatigué. Je préférais être en pleine possession de mes moyens. Peu importe la caté, je le faisais pour moi.

Les JO te trottent-ils dans la tête ?

Beaucoup m’en parlent. Je ne cache pas que quand il y a eu l’annonce (en 2016), cela m’a fait cogiter. Quand j’étais petit, c’était comme un rêve de faire les Jeux. Mais, avec le recul, l’âge (33 ans le 14 octobre), mes objectifs personnels à côté (il ouvre son cabinet de kiné à Choisy-le-Roi), tout ce que j’ai déjà accompli dans ce sport, ce n’est pas la priorité.

Quand j’avais 20 ans, c’était le truc auquel je pensais à fond. Aujourd’hui, les Jeux olympiques ne sont pas mon objectif ultime. Après, s’il y a une opportunité qui se présente, si on me dit qu’il y a moyen de les faire en faisant ceci et cela, je me donnerais à fond pour me qualifier aux Jeux. Mais je n’y pense pas matin, midi et soir.

Rolle adidas 2018